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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

peut-être d’en tirer un appui, ou au moins comme un moyen de maintenir l’ordre.

Santa-Anna, qui jugeait que Tampico était le point le plus fort sur lequel il pût s’appuyer, envoya deux goëlettes de guerre sous les ordres du capitaine Cochrane, pour s’assurer du mouvement. Ces bâtimens avaient en outre la mission d’arrêter, s’ils le rencontraient, un navire anglais chargé pour le compte du gouvernement, et qui devait débarquer des munitions de toutes sortes sur quelque point de la côte : ils devaient s’opposer encore à ce que l’Yucatan envoyât par mer des secours de troupes aux ministres, car il paraissait certain que cet état se disposait à appuyer fortement le système ministériel. Moctezuma changea l’objet de leur mission et les fit embosser au-dessous de la ville, pour empêcher Teran d’arriver jusqu’à Tampico, en remontant la rive gauche du fleuve. Du côté de la terre, sans doute, la ville était bien protégée ; mais comme elle ne l’était pas du tout du côté de la rivière, un général audacieux eût pu, en une seule nuit, faire descendre dans des pirogues, par les lacs et le haut de la rivière, des troupes qui eussent enlevé la ville peut-être sans tirer un coup de fusil. Teran se borna à des pourparlers et à des démonstrations hostiles dans lesquelles on lui tua quelques hommes.

Tel était l’état des choses quand la saison des pluies commença. On parlait de remplacer le général Calderon par Iberie, lorsque tout à coup l’armée du gouvernement disparut de devant la Vera-Cruz, laissant un grand nombre de malades et ses canons encloués. Une fièvre maligne, ce puissant auxiliaire sur lequel comptait Santa-Anna, avait déjà fait de grands ravages dans le camp de l’ennemi, et Calderon, craignant de perdre jusqu’au dernier de ses soldats, s’était enfin décidé à se retirer. Santa-Anna marcha sur-le-champ à sa poursuite ; ils se firent une petite guerre d’observation ou d’escarmouches peu sanglantes, l’un fuyant lentement, et l’autre suivant pas à pas. Ce mouvement de Calderon avait été annoncé d’avance par le vice-président Bustamente dans la séance de clôture du congrès, le 23 mai. Après avoir dit que la saison des pluies empêcherait les troupes de tenir la campagne, il terminait en demandant la permission de se mettre lui-même à la tête des forces de la république ; mais le congrès refusa sous prétexte que la révolte de