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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

ce retard seul indiquait de la faiblesse ; enfin elle arriva : elle déclarait illégale cette levée de boucliers de la garnison, et traitait le général de rebelle.

Alors s’établit entre les divers journaux une guerre de plume où tous les principes furent remis en question. On pourra juger du degré d’ignorance où l’on est encore au Mexique en fait de formes constitutionnelles, quand on saura qu’on y regardait presque comme légal cet acte de la force armée, qui imposait au gouvernement des conditions d’existence. Les deux partis se disputaient avec acharnement sur la justice des accusations dont on chargeait les ministres ; mais les organes même du ministère n’attaquaient qu’en hésitant la légalité de l’adresse. L’article 4 de la constitution confère bien aux soldats les droits de tous les citoyens, et par conséquent le droit de réclamation contre les ministres ; mais trouver dans cet article un droit par lequel l’armée puisse ordonner au président le renvoi de ses ministres, c’est ce qu’on concevra difficilement ailleurs qu’au Mexique.

Cependant il était évident que le sort des armes allait décider la question : chaque parti se fortifia et ne négligea rien pour se faire des partisans. Mais avant d’en venir aux mains, le gouvernement, soit qu’il se sentît faible pour une telle lutte, soit qu’il voulût faire retomber sur Santa-Anna tout l’odieux d’une guerre civile, essaya d’amener ce dernier à un accommodement. Il envoya à la Vera-Cruz quatre délégués tirés des rangs du sénat, des représentans du peuple et des chefs de l’administration. Le général les reçut en conférence publique. Mais de pareilles démarches manquent presque toujours leur but ; elles ne font qu’augmenter l’aigreur des partis, et sont un motif d’encouragement pour celui qui, se voyant recherché, se croit redouté. Sur le refus que firent les délégués d’accorder le renvoi des ministres, Santa-Anna trancha la question par ces mots : « Le 1er avril, je serai à Mexico, et Santa-Anna n’a jamais manqué à sa parole. » Ceux-ci voulurent lui répondre par des reproches amers sur quelques actes de sa conduite passée, mais les cris de viva Santa-Anna ! étouffèrent leur voix, et la guerre fut décidée.

Comme cette révolution est l’ouvrage de quelques hommes, je crois nécessaire de faire connaître les principaux chefs. La cause