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NOUVELLES EXPÉDITIONS ANGLAISES.

nous dirigeâmes sur un village situé à un mille environ de la côte. Nous rencontrâmes bientôt plusieurs personnes auxquelles je montrai un papier préparé d’avance, sur lequel était écrit que nous étions Anglais, que nous venions en amis, que nous étions porteurs d’une lettre et de présens pour le roi de Corée ; enfin, que nous désirions nous entendre, à ce sujet, avec quelques mandarins, et en outre acheter des provisions fraîches de différentes espèces. Ces explications parurent d’abord suffisantes ; mais en approchant du village, des groupes nombreux vinrent à notre rencontre, parmi lesquels étaient beaucoup d’individus décemment vêtus, et portant ce chapeau à larges bords que le capitaine Hall a décrit dans son voyage. Je montrai le papier à chacun de ces groupes à mesure qu’ils arrivaient près de nous. Il était évident qu’ils n’étaient pas d’accord entre eux sur la réception qu’ils devaient nous faire ; tous, cependant, témoignaient de la répugnance à nous voir entrer dans le village. Un homme parut peu après, marchant à pas précipités, et tenant en main un fusil à mèche. Il vint droit à moi d’un air insolent : mais lorsque je lui eus fait voir le papier, il me prit amicalement par le bras, et me fit signe de m’asseoir à terre. Néanmoins, désirant atteindre le village, tandis que les dispositions amicales des habitans duraient encore, je continuai ma route sans m’inquiéter de son invitation, et nous arrivâmes à une hutte éloignée d’environ deux cents pas du village. Là, on nous fit entendre, de manière à ne nous laisser aucun doute, que nous ne pouvions aller plus loin. La foule nous entoura pour s’opposer à notre marche ; plusieurs individus me saisirent brusquement par le bras, en me tirant pour me faire asseoir sur une natte. Deux vieillards s’avancèrent alors, et s’étant assis par terre, un secrétaire déploya un rouleau de papier, et écrivit sous la dictée de l’un d’eux, en réponse à notre papier : qu’attendu qu’on ne pouvait nous vendre aucunes provisions dans ce village, nous ferions bien de partir sur-le-champ, et de nous rendre à trente ly plus loin dans le nord où nous trouverions un mandarin avec qui nous pourrions communiquer. Nous commençâmes alors avec eux une conversation qui dura assez long-temps, en écrivant chacun de notre côté ce que nous voulions nous dire. Ils me demandèrent de leur faire part du contenu de la lettre adressée au roi ; à quoi je répondis