Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/352

Cette page a été validée par deux contributeurs.
346
REVUE DES DEUX MONDES.

celui qui voudra se livrer à l’étude, sera souvent obligé d’aller chercher au loin l’animal dont il aura besoin, et tous ceux qui cultivent les sciences savent combien ces interruptions sont fatigantes et font perdre de temps. Enfin le jardin n’y gagnera qu’un édifice isolé, sans liaison apparente avec ceux du voisinage, et qui ressemblera à tout ce qu’on voudra, à une caserne ou à un hôpital, par exemple. On a allégué contre le premier projet quelque chose d’analogue à ce qui a été dit au sujet du Luxembourg et des Tuileries, un défaut de parallélisme entre les bâtimens du fond, et la grille qui donne sur la Seine : or, sur les milliers de promeneurs qui fréquentent habituellement le Jardin des Plantes, il n’en est probablement pas dix qui aient jamais fait cette remarque. Ce n’est qu’en jetant les yeux sur un plan, qu’on s’aperçoit de la légère différence qui existe, en effet, entre les deux lignes dont nous parlons, et elle est si peu sensible, même sur le papier, qu’elle mérite à peine qu’on en parle.

Pendant que nous consommons notre poudre en réjouissances, des coups de canon de bon aloi continuent à se tirer en Portugal, sans amener encore les résultats rapides qu’on pouvait en attendre d’après les nouvelles de la dernière quinzaine. Tout porte à croire cependant que l’amiral Napier est en ce moment devant Lisbonne, et que nous apprendrons bientôt que don Miguel n’a d’autre parti à prendre que d’aller de nouveau consulter M. de Metternich.

En Angleterre, le ministre Grey a décidément remporté la victoire sur le parti qui s’appelle conservateur ; victoire long-temps incertaine, et qui n’est due qu’à la prudence d’une partie de ses adversaires qui ont reculé devant une résistance trop prolongée envers une mesure sérieusement réclamée par le peuple. Les grasses sinécures de l’Irlande ont aussi reçu un échec d’un sinistre augure pour celles de l’Angleterre. John Bull va lentement à l’attaque, mais il tient bon une fois en route, et finira par arriver.

Si nous revenons à Paris pour jeter un coup-d’œil sur nos théâtres, nous les trouverons toujours sous l’influence inévitable de la saison actuelle, à part l’opéra qui nous a donné Ali-Baba, attendu depuis si long-temps avec impatience. Le poème a paru à tous sans exception aussi ridicule que ce que M. Scribe a jamais fait de plus ridicule, et il réussit assez bien dans ce genre quand il juge à propos de l’exploiter. M. Chérubini, que n’avait pas effrayé la tâche de jeter le voile de sa musique sur ces niaiseries d’opéra comique, a retrouvé ses plus heureuses inspirations d’autrefois dans cette rude entreprise. Néanmoins, malgré tout le succès qu’elle a obtenu, l’œuvre musicale de Chérubini n’a pas encore été bien comprise : de nombreuses auditions sont nécessaires pour bien saisir l’ensemble de cette grande com-