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INTRODUCTION À LA SCIENCE DE L’HISTOIRE.

moyens : comme doctrine, la persuasion ; comme réalisation, la force. Le progrès consiste à diminuer et à supprimer enfin le dernier, pour ne laisser subsister que celui qui s’adresse à l’esprit. On reconnaît l’analyse aux caractères opposés, elle naît toujours à posteriori, au sein d’une synthèse, dans un peuple tout fait, dont elle vient mettre en saillie quelques spécialités, quelques individualités. Entre la synthèse et le dernier état de la critique, il y a trois points de temps : la protestation, la critique et l’époque des chartes où on érige l’individualisme en principe social, et où on a recours aux arrangemens mécaniques. Dans l’époque des chartes, l’humanité reste progressive, elle renverse toutes les institutions créées par l’ancienne synthèse ; et, dans cette œuvre, elle ne procède pas par d’autres principes moraux que ceux qui lui ont été enseignés par cette synthèse elle-même. Ainsi, les révolutions modernes sont chrétiennes dans leur principe moteur et dans leur but, malgré leurs prétentions contraires. Aussi, le moment d’une nouvelle révélation n’est pas encore venu ; la fécondité de la morale chrétienne est loin d’être épuisée, car le principe de la souveraineté du peuple, qui est un de ses aspects, commence à peine son rôle. L’humanité, comme un homme, croît d’âge en âge ; mais elle n’a pas de décrépitude, parce que ses âges sont spirituels et non charnels, ainsi que ceux de l’individu. Le progrès dans l’espèce humaine est dans le résultat de l’activité constante des tendances et de la succession des âges logiques.


Considérations générales sur le sentiment, la morale et l’art. — L’état sentimental n’est point un phénomène primitif, il est la conséquence de l’intervention de l’esprit, au milieu de plusieurs actes organiques combinés. Le sentiment préside et se mêle à tous les modes d’activité humaine ; c’est lui qui donne le but et apparaît le premier dans la succession que suppose toute espèce d’action ; c’est lui qui nomme et guide. L’organisme sentimental présente deux systèmes, l’un excitateur, où la passion n’est qu’une sensation, l’autre expressif, où la passion se traduit en actes. L’homme est placé à l’état sentimental excitatif, soit par l’instinct, soit par la sympathie. Description de l’état sympathique. La sympathie peut être à l’état actif ou passif, c’est-à-dire mue par la volonté, ou