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elle existe, et vous concevrez qu’elle est fonction de l’univers, dans la rigueur mathématique de ce mot. L’état phénoménal actuel a commencé. Antérieurement, il a existé plusieurs états différens les uns des autres ; les recherches et les discussions géologiques modernes ne laissent pas de doute à cet égard. D’un autre côté, examinez l’embryon humain, le fœtus encore enfermé dans le ventre de la mère, vous le verrez passer par des états d’animalités différens, s’élevant par des évolutions successives du rang animal où l’organisation est la moins riche et la plus simple, jusqu’à celui où elle est la plus compliquée et la plus puissante, jusqu’à l’homme. Ainsi le progrès est un fait universel, un fait plus qu’humain. Ainsi l’humanité se meut suivant une loi plus haute qu’elle, bienfaisante, mais rigoureuse, une loi devant laquelle elle n’existe que comme fonction.


Chapitre v. — Physiologie sociale. Prolégomènes. — Une doctrine nouvelle n’est reconnue vraie pour l’humanité qu’aux trois conditions suivantes. 1o  Se faire aimer pour elle-même ; 2o  être démontrée supérieure, rationnellement supérieure à toute autre ; 3o  inspirer la confiance de sa réalisation inévitable et complète. La doctrine nouvelle doit être reconnue n’être autre chose qu’une prévision de l’avenir : aimer ce qui n’est encore qu’une doctrine, c’est aimer une espérance ou désirer. La foi, en un mot, n’est autre chose que l’assentiment, dans une seule pensée, du sentiment, du raisonnement, joint à la conviction de sa force. Le christianisme n’a triomphé que par la foi.


Généralités. — Le but immédiat de l’investigation scientifique est de trouver l’ordre de succession des phénomènes, et de connaître leurs relations réciproques de dépendances, de manière que, un état phénoménal étant donné, on puisse, par un calcul plus ou moins compliqué, découvrir quel état phénoménal l’a précédé et quel sera celui qui lui succédera. Il est évident qu’on n’est déterminé à entreprendre des recherches, en vue d’une telle découverte, qu’autant qu’on admet l’existence d’une constante ou d’un principe invariable dans l’ordre de production phénoménale. L’origine des constantes, dans l’histoire de l’humanité, est la spontanéité humaine