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INTRODUCTION À LA SCIENCE DE L’HISTOIRE.

dorcet et de Saint-Simon, ajoutant aux travaux de ses maîtres ses propres études. Nous pouvons entamer l’analyse de son Introduction à la science de l’histoire.


Prolégomènes. — La société est malade, elle doute et elle est égoïste. Le bien social est le dévoûment, le sacrifice ; le mal, c’est l’égoïsme, l’égoïsme défiant, disputeur et sans pitié. Il n’y a que deux systèmes de politique et de gouvernement possibles : celui qui se meut dans les intérêts de tous, et celui qui n’a de mobiles que des intérêts individuels. La société européenne offre à l’œil de l’observateur deux classes distinctes : l’une est en possession de tous les instrumens de travail, terres, usines, maisons, capitaux ; l’autre n’a rien, elle travaille pour la première. Ici tableau de la société ; critique de l’état actuel de l’industrie et de la lutte organisée par la concurrence. La condition des femmes est déplorée ; les femmes se divisent en deux classes, celles qui ont une dot et celles qui n’en ont pas. Quant à la femme mariée, elle est possédée comme une chose, elle ne peut ni contracter ni vouloir sans l’autorisation de son maître ; et encore ces femmes à qui leur dot a fait trouver un mari, sont les heureuses, les privilégiées de leur sexe. En voici d’autres dont la condition est plus triste encore : le plus grand nombre des femmes se compose de salariées, journalières ou ouvrières ; celles-ci sont en concurrence avec les hommes pour les travaux qui donnent à vivre ; car, comme eux, elles n’ont de garanties contre la faim que dans un emploi. Peinture de la misère et de la détresse de ces femmes. Après cette exposition du sort des travailleurs, l’auteur passe aux contradictions morales et rationnelles qui blessent les besoins logiques et sentimentaux des hommes. La société manque de croyances ; elle n’a pas non plus de sympathies générales ; elle est la proie d’un individualisme égoïste.


LIVRE i. Chap. i, ii, iii, iv. — Il est un fait hors duquel on ne peut concevoir un homme, une condition d’existence dont on ne pourrait l’isoler sans l’anéantir ; c’est la société. Or, il n’y a de société que là où il existe un but commun d’activité, qui rallie tous les hommes dans un même désir, un même système, un même acte. Donc la durée de la société et sa force sont proportionnées à la fé-