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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

pendant lesquelles ces prétendus barbares montrèrent un aplomb et une astuce qui eussent fait honneur à n’importe quel diplomate européen, les conférences furent rompues sans amener aucun résultat.

M. Tourette revint donc comme la première fois, sans avoir rien obtenu ; et peu de temps après son retour à Tamatave, il fut chargé, à ce qu’on a prétendu, mais à tort sans doute, de proposer au gouvernement hova la cession de l’établissement de Tintingue moyennant mille têtes de bétail et certains avantages commerciaux. Cette affaire traîna en longueur, et la position de Tintingue devenant chaque jour plus déplorable, l’ordre arriva de Bourbon de l’abandonner et de le détruire. L’évacuation se fit dans le plus grand désordre ; on embarqua à la hâte sur les navires qui se trouvaient en rade, les objets appartenant au gouvernement, les troupes de la garnison, les Malgaches épargnés par la famine, et le feu fut mis le 30 juin à Tintingue. Pendant un jour entier, l’incendie dévora ce bel établissement, qui avait coûté tant d’hommes et d’argent à la France. Ses débris vinrent encombrer les quais de Sainte-Marie, dont la situation ne fit qu’empirer. Quinze cents Malgaches, reste de ceux qui s’étaient établis près de Tintingue, ajoutés tout d’un coup à une population déjà affamée, achevèrent de consumer le peu de ressources qui lui restaient. Le vol, le pillage et les crimes de tous genres redoublèrent à tel point, qu’il devint impossible de les réprimer. Après le départ pour Bourbon des bâtimens qui avaient servi à l’évacuation de Tintingue, la garnison se trouva réduite à trente-six soldats blancs en état de porter les armes, et aux Yoloffs des compagnies africaines.


Ici se termine le récit des faits dont M. Ackermann a été témoin. Nous devons y ajouter que, peu de temps après l’abandon de Tintingue, les généraux hovas défendirent, sous peine de mort, aux Malgaches du littoral de communiquer avec Sainte-Marie, et de lui fournir des vivres. Cette défense a été renouvelée en 1832 par le général Coroller. Mais nous avons lieu de croire que depuis cette époque, elle a été rapportée ou du moins modifiée, car d’après les dernières nouvelles de Bourbon, les caboteurs de cette île sont admis de nouveau à Tamatave, Foulepointe, etc., où ils vont, comme autre-