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être très utile par sa connaissance du pays, et acquérir par là quelque influence, avait excité la jalousie de plusieurs, et ce fut en partie pour l’éloigner qu’on jeta les yeux sur lui pour une ambassade à Anjouan, près du prince Ramanatek. On ne prit encore, dans cette circonstance, que des demi-mesures, comme on l’avait fait à l’égard des Malgaches ; au lieu d’envoyer au prince des secours suffisans pour armer son monde, M. Robin ne reçut que soixante fusils, vingt barils de poudre, des lettres d’un contenu vague, et partit, le 4 octobre, sur la Zélée, avec la triste certitude de faire un voyage inutile.

Peu de temps avant son départ, deux événemens eurent lieu, qui amenèrent le commencement des hostilités. Le Magallon, petit navire attaché au service de Sainte-Marie, s’étant rendu à Foulepointe, pour acheter du riz, le général Rakeli, qui y commandait, défendit de lui en vendre, en ajoutant qu’il n’avait point d’ordres de la reine pour agir ainsi, mais qu’il prenait cette mesure sous sa responsabilité. Presque à la même époque, un traitant de Bourbon fut arrêté à Feneriff et vendu comme esclave, par les ordres du colonel Andriamifidi, qui ne le rendit à la liberté que moyennant une rançon de 50 piastres. Pour toute raison de cette violence, Andriamifidi prononça ces paroles remarquables : « Puisqu’on vend les hommes noirs, on peut bien vendre aussi les hommes blancs. » Aussitôt que le commandant, qui était à Tintingue, eut connaissance de ces faits, il appareilla pour Tamatave avec la Terpsichore, la Nièvre et la Chevrette, et le lendemain de son arrivée, le 11 octobre, après quelques pourparlers avec le général Coroller, il ouvrit inopinément le feu sur le village. Les premiers boulets pénétrèrent dans la poudrière renfermée dans le fort, qui sauta avec une explosion épouvantable. Tamatave, au bout d’une heure de combat, n’existait plus. Les Hovas prirent la fuite en laissant une quarantaine de morts sur le champ de bataille, et se réfugièrent dans les bois. Les hostilités se succédèrent rapidement.

Le 16, un détachement envoyé à la poursuite des Hovas les chassa, après un grand carnage, d’une position retranchée qu’ils occupaient à Ambatoumanouhi, à quatre lieues de Tamatave, de l’autre côté de la rivière d’Ivondrun.

Le 26, la division vint mouiller devant Foulepointe où com-