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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

vrent principalement à la culture du riz, à la pêche et à l’éducation d’une assez grande quantité de bétail. Peu belliqueuses, sauf quelques exceptions, elles n’ont opposé qu’une faible résistance aux Hovas, qui les ont soumises dans ces dernières années, et qui, selon toute apparence, les tiendront long-temps sous le joug.

Ces Hovas, auxquels nous avons eu à faire dans la dernière guerre, appartiennent à une autre race d’hommes différente de celle que nous avons nommée plus haut, et étaient à peine connus au commencement de ce siècle. Tout ce qu’on savait d’eux était qu’ils occupaient un plateau étendu dans les montagnes de l’intérieur, situé entre les 16e et 19e degrés de latitude sud, et formaient une nation guerrière redoutable à ses voisins. Ils se distinguent, au premier coup-d’œil, des Malgaches de la côte, par une taille plus petite, des cheveux lisses, gros et couchés sur le front comme ceux des Malais, des traits prononcés, durs et imposans chez quelques chefs, et enfin par la couleur de leur peau, qui, au lieu d’être olivâtre, est jaune comme chez les métis et les quarterons de nos colonies.

Les mœurs des Hovas ne différent pas moins de celles des Malgaches. Habitant l’intérieur des terres, ils n’ont pu devenir un peuple marin et pêcheur, et se livrent presque exclusivement à la culture du riz et à l’éducation du bétail, dont ils font un grand commerce avec les traitans de la côte. L’esprit mercantile paraît inné chez eux. Pendant la dernière guerre, on voyait fréquemment leurs soldats, après avoir terminé leur faction, dresser à la hâte une boutique, sortir les petites balances qu’ils portent toujours sur eux et vendre à tous venans du fer, des étoffes, des productions du pays, et tout ce qu’ils pouvaient se procurer. Leur courage n’est pas moins remarquable : dans les diverses actions qu’ils ont eues avec nous, on les a vus plusieurs fois se faire tuer en défendant quelques méchantes pièces d’artillerie de marine qu’ils avaient encastrées dans des troncs d’arbres, et qui ne pouvaient tirer qu’un seul coup. Ils ont donné à la même époque maintes preuves de férocité en ne faisant aucun prisonnier dans les combats. Ceux qui tombaient entre leurs mains étaient aussitôt mis à mort, et leurs têtes portées en triomphe sur la pointe d’une zagaie.