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RÉVOLUTIONS DE MADAGASCAR.

De là cette défaveur, non toujours méritée, qui s’attache à certains pays qui pourraient être d’une utilité réelle, en absorbant un peu du superflu de notre population, s’ils étaient colonisés par d’autres méthodes, et dont le nom seul devient une sorte d’épouvantail. C’est ainsi que Mana a achevé de rendre un objet d’effroi la Guyane, déjà peinte sous des couleurs si ridiculement exagérées par les déportés de la révolution ; et la ruine de l’établissement de Sainte-Marie, dont M. Ackermann vient de nous donner l’histoire, en fera sans doute autant pour Madagascar.

La guerre qui a été la suite de cette dernière entreprise a jeté sur elle un peu plus d’éclat que n’en a eu Mana, qui s’éteint sans bruit et ignoré, dans les déserts de la Guyane ; mais personne, que nous sachions, ne s’en était encore fait l’historien. M. Ackermann pouvait faire un livre intéressant, si, prenant un titre moins ambitieux, il se fût borné à nous raconter ce dont il a été témoin, sans remonter aux événemens anciens passés à Madagascar, sur lesquels il ne nous apprend rien que nous n’ayons lu dans Flacourt, Rochon, etc. Les renseignemens qu’il donne sur les mœurs des diverses peuplades de l’île n’ajoutent également rien de nouveau à ce que nous en ont appris ses prédécesseurs ; ils sont même bien moins complets que ceux qui ont été publiés à diverses reprises dans les Nouvelles Annales des voyages et ailleurs. Nous eussions aimé surtout qu’il s’étendît davantage sur les Hovas, qui jouent maintenant le premier rôle à Madagascar, et sur leur dernier roi, ce Rhadama, espèce de Pierre-le-Grand sauvage, comme lui civilisateur de son peuple et bien supérieur à Tamahama des îles Sandwich, dont la renommée est parvenue jusqu’en Europe.

Enfin, peut-être M. Ackermann s’est-il livré à une trop grande abondance de détails personnels, et n’a-t-il pas su disposer ses matériaux dans l’ordre le plus lucide possible. Il est assez difficile, pour le lecteur qui n’a pas déjà une idée des faits, d’embrasser leur ensemble avec netteté dans son ouvrage.

Nous allons essayer de les présenter ici d’une manière plus logique, en les dégageant de tout accessoire inutile, et en y ajoutant quelques circonstances ignorées de M. Ackermann, qui n’a pas pu tout connaître ou qui n’a pas voulu tout dire. Quelquefois même nous