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IMPRESSIONS DE VOYAGES.

Dans la première chambre, en entrant, à droite, sont les deux robinets étiquetés auxquels les baigneurs viennent puiser trois fois par jour le verre d’eau qu’ils doivent boire. L’une de ces étiquettes porte le mot soufre, et l’autre le mot alun. L’un est à 35 degrés de chaleur, l’autre à 36.

L’eau de soufre pèse un cinquième de moins que l’eau ordinaire : une pièce d’argent mise en contact avec elle s’oxide en deux secondes.

Les eaux thermales, en les comparant à l’eau ordinaire, offrent ceci de remarquable, que l’eau ordinaire, portée par l’ébullition à 80 degrés de chaleur, perd en deux heures soixante degrés à peu près par son contact avec l’air atmosphérique, tandis que l’eau thermale, déposée à huit heures du soir dans une baignoire, n’a perdu à huit heures du matin, c’est-à-dire douze heures après, que 14 ou 15 degrés, ce qui laisse aux bains ordinaires une chaleur suffisante de 18 ou 19 degrés.

Quant aux bains de traitement, les malades les prennent ordinairement à 35 ou 36 degrés : de cette manière on voit qu’il n’y a rien à ajouter ni à ôter à la chaleur de l’eau, qui se trouve en harmonie avec celle du sang ; cela donne aux eaux d’Aix une supériorité marquée sur les autres, puisque partout ailleurs elles sont ou trop chaudes ou trop froides. Si elles sont trop froides, on est obligé de les soumettre au chauffage, et l’on comprend quelle quantité de gaz doit se dégager pendant cette opération. Si, au contraire, elles sont trop chaudes, elles ont besoin d’être refroidies par une combinaison avec l’eau froide ou par le contact de l’air, et dans l’un ou l’autre cas, on conçoit encore ce que doit leur ôter de leur efficacité le mélange ou l’évaporation.

Ces eaux thermales possèdent encore sur celles des autres établissemens un avantage naturel : c’est que les sources chaudes sourdent ordinairement dans les endroits bas ; celles-ci, au contraire, se trouvent à trente pieds au-dessus du niveau de l’établissement. Elles peuvent donc, par la faculté que leur donnent les lois de la pesanteur, s’élever, sans moyen de pression, à la hauteur nécessaire pour accroître ou diminuer leur action dans l’application des douches.

À certaines époques, et surtout lorsque la température atmosphérique descend de 12 à 9 degrés au-dessus de zéro, chacune de