Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 3.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
REVUE DES DEUX MONDES.

Dieu avec sa nouvelle épouse. Des courriers partirent pour la Gaule, et revinrent apportant de la part du roi Hilperik une promesse formelle d’abandonner tout ce qu’il avait de reines et de concubines, pourvu qu’il obtînt une femme digne de lui et fille d’un roi.[1]

Une double alliance avec les rois des Franks, ses voisins et ses ennemis naturels, offrait tant d’avantages politiques au roi Athanaghild, qu’il n’hésita plus, et, sur cette assurance, passa aux articles du traité de mariage. De ce moment, toute la discussion roula, d’un côté, sur la dot qu’apporterait la future épouse, de l’autre, sur le douaire qu’elle recevrait de son mari, après la première nuit des noces, comme présent du lendemain. En effet, d’après une coutume observée chez tous les peuples d’origine germaine, il fallait qu’au réveil de la mariée, l’époux lui fît un don quelconque, pour prix de sa virginité. Ce présent variait beaucoup de nature et de valeur ; tantôt c’était une somme d’argent ou quelque meuble précieux, tantôt des attelages de bœufs ou de chevaux, du bétail, des maisons ou des terres ; mais quel que fût l’objet de cette donation, il n’y avait qu’un seul mot pour la désigner, on l’appelait don du matin, morghen-gabe ou morgane-ghiba, selon les différens dialectes de l’idiome germanique. Les négociations relatives au mariage du roi Hilperik avec la sœur de Brunehilde, ralenties par l’envoi des courriers, se prolongèrent ainsi jusqu’en l’année 567 ; elles n’étaient pas encore terminées, lorsqu’un événement survenu dans la Gaule en rendit la conclusion plus facile.

L’aîné des quatre rois franks, Haribert, avait quitté les environs de Paris, sa résidence habituelle, pour aller près de Bordeaux, dans un de ses domaines, jouir du climat et des productions de la Gaule méridionale. Il y mourut presque subitement, et sa mort amena, dans l’empire des Franks, une nouvelle révolution territoriale. Dès qu’il eut fermé les yeux, l’une de ses femmes, Theodehilde, qui était la fille d’un berger, mit la main sur le trésor royal ;

  1. Quod videns Chilpericus rex, cùm jam plures haberet uxores, sororem ejus Galsuintham expetiit, promittens per legatos se alias relicturum, tantùm condignam sibi regisque prolem mereretur accipere. (Gregorii Turonensis hist. Francorum eccl., lib. iv, pag. 217.)