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of yellow ale, joué sur la flûte par M. Nicholson, et la chanson des nourrices du pays de Galles, Lullaby, m’ont paru empreints d’un caractère plus prononcé que les autres. Différens airs furent ensuite chantés par MM. Broadhurst, Atkins, H. Watson, Braham, Collyer, miss Love et miss Paton (aujourd’hui madame Wood), et dans la plupart de ces morceaux, j’ai trouvé des mélodies très agréables ; mais je devais plutôt les considérer comme des monumens de la musique anglaise, que comme appartenant à la musique welche proprement dite, puisqu’elles sont l’ouvrage de compositeurs modernes. Il n’en est pas de même de l’air Av hid y nos, qui fut chanté d’une manière délicieuse par miss Paton, et qui est certainement une mélodie originale très remarquable.

Deux morceaux annoncés sur le programme excitaient surtout ma curiosité. L’un était un chant du pennillon, exécuté par trois habitans du pays de Galles, et accompagné sur la harpe welche par M. W. Pritchard. L’autre était l’air favori Sweet Richard, avec des variations, joué sur la harpe à triple rang de cordes, par M. Richard Roberts, ménestrel aveugle du Carnarvon. Ce ménestrel portait au cou deux petites harpes, l’une en argent, l’autre en or, qu’il a gagnées comme prix aux Eisteddvod de Denbigh. Mon attente ne fut pas trompée ; on ne peut rien entendre de plus curieux que ces morceaux. Les pennillons furent chantés par trois habitans de Manavon et de Nanglyn. Chacun chantait un couplet, et prenait à son tour un accent tout différent du précédent. Parmi eux, un vieillard se distinguait par la chaleur qu’il mettait dans le débit de ces chants sauvages, et l’on voyait en lui la conviction que ces chants sont les plus beaux qui soient au monde. Le succès de ces pennillons fut complet, et rarement j’ai vu applaudir de la bonne musique avec autant d’enthousiasme. Le barde aveugle du Carnarvon ne fut ni moins intéressant ni moins applaudi. Je ne pouvais croire qu’il fût possible de faire aussi facilement des difficultés considérables sur un instrument si ingrat : la cécité de ce musicien de nature, la bonté peinte sur son visage et son talent vraiment extraordinaire le rendaient l’objet d’un intérêt général.

Quelques morceaux moins importans terminèrent cette séance, l’une des plus singulières et des plus remarquables auxquelles j’aie