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DE LA MUSIQUE EN ANGLETERRE.

près d’un an et voyage en Allemagne où il a recueilli beaucoup d’applaudissemens. Au lieu de dénigrer les violonistes étrangers, comme le font ordinairement ses compatriotes, M. Oury a eu le bon esprit d’écouter attentivement Baillot, Lafont et Bériot ; il a étudié leur manière et s’y est identifié.

Les quatre professeurs dont je viens de parler donnent des leçons à l’Académie royale de musique, mais non d’une manière suivie. D’ailleurs, le défaut d’unité dans le système d’enseignement est tel, qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir de véritable école anglaise de violon ; MM. Cramer, Mory et Spagnoletti ignorent les principes de la tenue de l’instrument, de la pose et du mouvement de l’archet, et ne connaissent aucun autre des élémens classiques de l’art de jouer du violon.

M. Lindley, professeur de violoncelle à l’Académie royale de musique, jouit d’une grande réputation, et la mérite à certains égards. Lorsqu’il chante sur son instrument, il en tire un beau son, et il possède beaucoup d’habileté dans le mécanisme des difficultés ; mais son style est vulgaire, et sa qualité de son perd beaucoup de son intensité dans les traits. M. Lindley a formé de bons élèves à l’Académie : je dois citer particulièrement M. Lucas, qui se distingue aussi dans la composition instrumentale. Depuis quelques années, un jeune violoncelliste français, nommé M. Rousselot, s’est fixé à Londres. Il y est devenu professeur de l’Académie de musique, et y a introduit une très bonne école de violoncelle.

Il est fâcheux que les directeurs de l’Académie n’aient pu offrir à Dragonetti des appointemens assez considérables pour l’attacher à cette école comme professeur de contrebasse. Dragonetti est connu, dans le monde musical, comme l’artiste le plus prodigieux sur cet instrument. C’est M. Anfossi qui est chargé de cette partie de l’enseignement. M. Anfossi est un artiste estimable ; mais entre Dragonetti et lui la distance est immense. Toutefois, il enseigne le doigté et le maniement de l’archet selon les principes de cet artiste incomparable, et il a formé de bons élèves.

M. Wittmann, professeur de clarinette, et M. Nicholson, qui enseigne la flûte, sont des artistes fort habiles, capables de faire prospérer l’étude de leur instrument. Bien que les résultats offerts par leurs élèves ne soient pas complètement satisfaisans, on ne peut