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REVUE DES DEUX MONDES.

À l’exception de l’abominable idiome qu’on y parle, et qui est, je crois, du savoyard corrompu, le caractère de la cité d’Aoste est tout italien : partout, dans l’intérieur des maisons, les peintures à fresque remplacent les papiers ou les lambris, et les aubergistes ne manquent jamais de vous servir à dîner une espèce de pâte et une manière de crême qu’ils décorent pompeusement du titre de macaroni et de sambajone. Joignez à cela du vin d’Asti, des côtelettes à la milanaise, et vous aurez la carte d’une table valdaostaine.

La ville d’Aoste s’appelait d’abord Cordelles du nom de Cordellus Latiellus, chef d’une colonie de Gaulois cisalpins nommés Salasses, qui vinrent s’y établir. Une légion romaine, commandée par Terentius Varron, s’en empara sous Auguste, et construisit à l’entrée de la ville, en mémoire de cet événement, un arc de triomphe, encore debout et entier, sur lequel on lit ces deux inscriptions modernes :


Le Salasse long-temps défendit ses foyers ;
Il succomba : Rome victorieuse
Ici déposa ses lauriers.



Au triomphe d’Octave-Auguste César.
Il défit complètement les Salasses
L’an de Rome DCCXXIV.
(24 ans avant l’ère chrétienne.)

Au bout de la rue de la Trinité, trois autres arcades antiques, bâties en marbre gris, forment trois entrées dont une est maintenant hors d’usage : celle du milieu, comme la plus haute, était réservée pour le passage de l’empereur et du consul ; sur la colonne qui la soutient, on lit cette inscription :

L’empereur Octave-Auguste fonda ces murs,
Bâtit la ville en trois ans,
Et lui donna son nom l’an de Rome
DCCXXVII.