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MÉLANGES.

nos mers, mais bien autrement terribles, tant par leur étendue que par la densité du liquide. Il est difficile de concevoir comment l’enveloppe de la terre pourrait résister, étant incessamment battue par une espèce de levier hydraulique de 1400 lieues de longueur.

Aujourd’hui, les eaux de la mer n’étant plus acides, quand une fissure se forme dans la croûte terrestre et met à nu le noyau métallique, le liquide qui se précipite sur lui, prêt à l’oxider, est sensiblement de l’eau pure ; donc, les gaz qui se dégageront devront être oxigénés, et c’est en effet ce que confirme l’expérience.

Si cette eau rencontre des métaux très oxidables, et que l’oxigène dégagé ne rencontre aucun corps qui ait pour lui une grande affinité, il se dégagera pur, et pourra, dans certaines circonstances, produire de belles flammes en arrivant au contact de l’air. S’il rencontre au contraire des corps avec lesquels il est susceptible de produire des hydracides, il s’en formera, et comme ces corps se vaporisent aisément, on verra des fumées acides s’échapper par les orifices.

Davy, dans ses voyages aux volcans, a constaté le dégagement de l’hydrogène, soit à l’état pur, soit aux états d’hydrogène sulfuré, chloruré ou carboné.

On pouvait, il y a quelque temps, opposer des objections à cette théorie, en ce qui concerne la formation de l’hydrogène chloruré. On n’admettait pas, en effet, que l’eau pût décomposer un chlorure métallique, et lui arracher son chlore ; mais Berzelius a prouvé récemment, par des expériences directes, que l’eau décompose le chlorure de silicium.

La source de chaleur, avons-nous dit, se trouve au contact de la couche non oxidée et de la croûte oxidée, et elle est due en grande partie à l’action chimique qui a lieu en cette région. Ajoutons qu’il existe, pour sa production, une cause secondaire dans les courans électriques qui résultent du contact de ces deux couches hétérogènes. Un autre effet des courans produits par cet immense couple galvanique se manifeste à la surface de la terre, dans la direction de l’aiguille aimantée. Les courans se produisent aussi au contact des couches des différens oxides, mais moins énergiquement, en raison de la moindre conductibilité des oxides. Leurs effets tendent à se manifester également à la source de la terre ; quant à la direction qu’ils y affectent, on peut soupçonner qu’elle est déterminée par l’action du soleil, qui, échauffant successivement les divers méridiens, diminue ainsi, pour un temps, la conductibilité des parties correspondantes dans les couches les plus superficielles de la croûte.