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MÉLANGES.

l’homme a tenu un grand nombre d’individus en servitude, sont précisément celles dans lesquelles on devait le moins s’attendre à trouver le phénomène. Chez les perroquets en effet, il n’y a, pour ainsi dire, pas de différence de plumage entre les mâles et les femelles, et chez les faucons, outre que la robe ne prend jamais ces couleurs brillantes qui dans d’autres oiseaux indiquent l’âge ou seulement la saison des amours, la femelle, par une anomalie unique chez les vertébrés, l’emporte sur le mâle par tous les avantages extérieurs.

On a pu voir dans les divers exemples que nous venons de citer que la transformation par laquelle certaines femelles, dans la classe des oiseaux, prennent l’extérieur du mâle, ne se montre que chez celles qui, par l’effet de l’âge ou d’un vice de conformation, sont devenues impropres à la reproduction de l’espèce. Cette condition se trouve déjà tacitement exprimée dans le passage d’Aristote. Certes nous n’admettrons pas avec lui que ce soit la vanité, l’orgueil de la victoire remportée sur un coq qui fasse prendre à la poule un habit plus brillant que ne le comporte sa condition ; mais ce que nous devons demander à un naturaliste ancien, ce ne sont pas des explications qu’on trouvera d’ordinaire plus ingénieuses que solides, ce sont des faits, surtout ceux qui concernent les habitudes et les mœurs des animaux qu’ils ont observés mieux que nous. Or, dans le cas qui nous occupe, le fait indépendant de toute interprétation, c’est le combat de la poule contre le coq, et ce fait est décisif ; car quel est le coq qui ait jamais maltraité une poulette ? quelle est la poule, encore dans l’âge des amours, qui ait fait à un coq mauvaise mine ? La chose est évidente, les poules querelleuses d’Aristote n’étaient que de vieilles poules !

Si, dans certains cas, les femelles des oiseaux prennent en vieillissant l’extérieur du mâle, les mâles dans beaucoup d’espèces ont pendant la jeunesse la livrée des femelles, de sorte qu’à cette époque il est souvent fort difficile de distinguer les sexes ; c’est dans le temps où l’animal est capable de se reproduire et principalement dans la saison des amours, que la distinction est bien prononcée. Cela se voit aussi, quoique d’une manière moins marquée, dans d’autres vertébrés, notamment dans certains mammifères, et la différence porte principalement sur les productions épidermoïques,