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tiles n’était qu’un de ces vers si communs chez certains oiseaux, et qui ne se trouvent pas seulement dans la cavité du canal intestinal, mais encore dans l’intérieur de différens organes.

Les faits que nous venons de rapporter rendent bien raison de l’origine des œufs sans jaune, et le dernier peut faire concevoir comment on a été conduit à penser que de ces œufs naissaient des serpens ; mais qu’est-ce qui a pu faire croire qu’ils étaient pondus par des coqs ? c’est ce que nous ne voyons pas encore. Les femmes qui assurent avoir vu pondre des coqs ont-elles été induites en erreur par les mêmes causes que le paysan dont parle Lapeyronie ? Cela a pu arriver quelquefois sans doute ; cependant remarquons bien que cet homme ne s’est mépris sur l’origine de ces œufs, que parce qu’il était déjà persuadé d’avance qu’un coq pouvait pondre. La difficulté n’est donc que reculée, et il faut chercher d’où a pu naître d’abord une si étrange opinion. Un passage d’Aristote aurait pu déjà mettre sur la voie, quand même nous n’aurions pas d’observations plus précises. Cet illustre naturaliste, après avoir raconté comment, dans certaines circonstances, les dauphins viennent s’échouer sur le rivage, et dit qu’on ne savait pas ce qui les y poussait, ajoute ce qui suit : « Mais s’il est vrai que les actions des animaux sont toujours le résultat de certains penchans, de certaines affections, il faut reconnaître également que ces actions à leur tour peuvent devenir en bien des cas causes de modifications marquées dans quelques parties de l’organisation. Ainsi une poule qui a vaincu un coq prend son chant et se comporte en mâle à l’égard des autres poules : sa crête et sa queue s’élèvent à la manière de celle des coqs, au point qu’il est difficile de la reconnaître pour femelle. Quelquefois même il lui pousse de petits ergots. »

Nous reviendrons bientôt sur ce passage, qui contient plus d’un fait important ; mais, pour le moment, nous nous contenterons de faire remarquer que dans l’observation de Lapeyronie, les œufs qui contenaient les prétendus serpens étaient pondus par une poule, qui déjà, comme les poules dont parle Aristote, rappelait par son chant celui du coq, et qui peut-être plus tard, si le scalpel n’eût abrégé sa vie, eût subi complètement la transformation, et pris le plumage des mâles.

Le docteur Butter de Plymouth a prouvé en effet, d’une manière