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sur cette partie du globe que Paris occupe aujourd’hui, à nous les faire connaître presque comme si nous les avions vus, au point qu’il ne nous manque, pour ainsi dire, que de savoir quelle était la couleur de leur pelage. La science qu’il a créée et portée tout d’un coup à un si haut degré de perfection, continue d’être cultivée avec zèle. On ne se borne pas à étudier les restes des grands vertébrés, et l’investigation s’étend aux plus humbles produits des deux règnes organiques. Toutefois on sent bien que la difficulté augmente, à mesure que les êtres dont on s’occupe sont de plus petite dimension, et que leur organisation plus fragile les a exposés davantage à la destruction. Les insectes sont surtout dans ce cas, et les vestiges qu’ils ont laissés, ont dû, dans bien des cas, échapper à l’attention des observateurs.

Assez fréquens dans les terreins supérieurs à la craie, les insectes fossiles deviennent extrêmement rares dans les terreins qui lui sont inférieurs, et jusqu’à présent ce n’était que dans les calcaires schisteux de Solenhofen, dans la Hesse, et de Stonesfield, près Oxford, qu’on en avait trouvé quelques exemples ; encore faut-il remarquer que les roches qui les renferment dans ces deux localités se rapportent aux couches les plus supérieures de formations oolitique ou jurassique. Voici pourtant qu’une empreinte d’insecte fossile vient d’être découverte dans le terrein houiller, c’est-à-dire dans la formation la plus inférieure des terreins secondaires. On s’attendait si peu à rencontrer des insectes dans ce terrein, qu’un très habile géologue anglais, M. Gedeon Mantell, à qui ce morceau avait été d’abord présenté au milieu de beaucoup d’autres impressions végétales provenant de la même localité, n’y arrêta point son attention, et se méprenant sur sa véritable nature, le comprit dans une série d’échantillons qu’il adressait à M. Adolphe Brongniart, dont les beaux travaux sur les végétaux fossiles sont appréciés des géologues étrangers aussi bien que de ceux de notre pays. M. A. Brongniart, en examinant cette empreinte, reconnut qu’elle ne provenait pas d’un végétal, et l’ayant fait voir à M. Audouin, celui-ci jugea tout d’abord qu’elle était due à une aile d’insecte, et s’occupa de déterminer l’ordre et le genre auxquels l’animal appartenait.