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ANDRÉ DEL SARTO.
MATHURIN.

Cela est vrai, pourtant ; c’est Paolo, le concierge, qui m’a tout avoué.

ANDRÉ.

Lionel ? entends-tu, Lionel ? Ils partent ensemble pour le Piémont.

LIONEL.

Que dis-tu, André ?

ANDRÉ.

Rien ! rien ! Qu’on me selle un cheval ! allons, vite, il faut que je parte à l’instant. Aussi bien j’y vais moi-même. Par quelle porte sont-ils sortis ?

MATHURIN.

Du côté du fleuve.

ANDRÉ.

Bien, bien ! mon manteau ! Adieu, Lionel.

LIONEL.

Où vas-tu ?

ANDRÉ.

Je ne sais, je ne sais ! Ah ! des armes ! du sang !

LIONEL.

Où vas-tu ? réponds.

ANDRÉ.

Quant au roi de France, je l’ai volé. J’irais demain les voir que ce serait toujours la même chose. Ainsi… (Il va sortir et rencontre Damien.)

DAMIEN.

Où vas-tu, André ?

ANDRÉ.

Ah ! tu as raison. La terre se dérobe. Ô Damien ! Damien ! (Il tombe évanoui.)

LIONEL.

Cette nuit l’a tué. Il n’a pu supporter son malheur.

DAMIEN.

Laissez-moi lui mouiller les tempes. (Il trempe son mouchoir dans une fontaine.) Pauvre ami ! comme une nuit l’a changé ! le voilà qui rouvre les yeux.

ANDRÉ.

Ils sont partis, Damien ?

DAMIEN.

Que lui dirais-je ? Il a donc tout appris ?

ANDRÉ.

Ne me mens pas. Je ne les poursuivrai point. Mes forces m’ont abandonné. Qu’ai-je voulu faire ? J’ai voulu avoir du courage, et je n’en ai