Baptême ! le nom du baptême ! c’est vous qui demandez le nom que l’on m’a donné ! Je voudrais bien savoir ce qu’eût dit mon pauvre père qui tenait tant à ce nom-là, (vite) et vous, je ne vous le dirai pas, si quelqu’un lui eût dit : Eh ! bien ce nom si doux, son mari ne daignera pas le savoir.
Du reste cela est juste ! (Avec agitation.) Les noms de baptême sont faits pour être dits par ceux qui aiment et pour être inconnus à ceux qui n’aiment pas. (En enfant) Il est bien juste que vous ne sachiez pas le mien, et c’est bien fait… et je ne vous le dirai pas.
Ah ! çà ! mais comme elle est gentille ! suis-je fou de me prendre les doigts à mon piège ?
C’est qu’elle est charmante en vérité.
Eh ! pourquoi saurais-je ce nom d’enfant, madame ? qu’est-ce pour moi, je vous prie, que la jeune fille enfermée au couvent jusqu’à ce qu’on me la donne sans que je sache seulement son âge ? C’est la jeune femme connue sous mon nom qui m’appartient, celle-là seule est mienne, madame, puisque, pour la nommer, il faut qu’on me nomme moi-même.
Monsieur le duc, voulez-vous me rendre folle ? Je ne comprends plus rien ni à vos idées, ni à vos sentimens, ni à mon existence, ni à vos droits ni aux miens ; je ne suis peut-être qu’une enfant ! j’ai peut-être été toujours trompée. Dites-moi ce que vous savez de la vie réelle du monde. Dites-moi pourquoi les usages sont contre la religion, et le monde contre Dieu. Dites-moi si notre vie a tort ou raison ; si le mariage existe ou non ; si je suis votre femme, pourquoi vous ne m’avez jamais revue, et pourquoi l’on ne vous en blâme pas ; si les sermens sont sérieux, pourquoi ils ne le sont pas pour vous ; si vous avez et si j’ai moi-même le droit de jalousie. Dites-moi ce que signifie tout cela ? Qu’est-ce que ce mariage du nom et de la fortune, d’où les personnes sont absentes, et pourquoi nos hommes d’affaires nous ont fait paraître dans ce marché ? Dites-moi si le droit qu’on vous a donné était seulement celui de venir