soudan Orosmane ; n’ayez donc pas peur de lui. S’il entrait ici, par exemple, disant avec la tendresse que met Lekain dans cette scène-là :
Hélas ! le crime veille et son horreur me suit.
À ce coupable excès porter sa hardiesse !
Tu ne connaissais pas mon cœur et ma tendresse,
Combien je t’adorais ! quels feux !…
Monsieur ! avez-vous quelque chose à me reprocher ?…
Ah ! le mauvais vers que voilà. Eh ! bon Dieu, que dites-vous donc là ! Ce n’est pas dans la pièce.
Eh ! monsieur, je ne dis pas de vers, je parle. On ne vient pas à minuit chez une femme pour lui dire des vers aussi.
Eh ! croyez-vous donc que ce soit là ce qui m’amène ? causons un peu en amis.
Çà ! vous est-il arrivé quelquefois de songer à votre mari, par extraordinaire, là, un beau matin, en vous éveillant ?
Eh ! monsieur, mon mari pense si peu à sa femme, qu’il n’a vraiment pas le droit d’exiger la moindre réciprocité.
Eh ! qui donc vous a pu dire, ingrate, qu’il ne pensait pas à vous ? était-il en passe de vous l’écrire ? c’eût été ridicule à lui. Vous le faire dire par quelqu’un, c’était bien froid. Mais venir vous le jurer chez vous et vous le prouver, voilà quel était son devoir.
Me le jurer ! Ah ! pauvre chevalier ! (Elle baise son portrait.) Me le jurer, monsieur ! et me jurer quoi, s’il vous plaît ? Vous êtes-vous jamais cru obligé à quelque chose envers moi ? Que vous suis-je donc, monsieur, sinon une étrangère qui porte votre nom ?…