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QUITTE POUR LA PEUR.

Scène VIII.


Versailles. — La chambre du duc.


LE DUC, TRONCHIN, entrent ensemble.
LE DUC.

Vous en êtes bien sûr, docteur ?

TRONCHIN.

Monsieur le duc, j’en réponds sur ma tête.

LE DUC (s’asseyant et taillant une plume.)

Allons, il est toujours bon de savoir à quoi s’en tenir. Vous la voyez très souvent ? Asseyez-vous donc !

TRONCHIN.

Presque tous les jours, je passe chez elle pour des migraines, des bagatelles…

LE DUC.

Et comment est-elle ma femme ? est-elle jolie, est-elle agréable ?

TRONCHIN.

C’est la plus gracieuse personne de la terre.

LE DUC.

Vraiment ? je ne l’aurais pas cru, le jour où je la vis, ce n’était pas ça du tout. C’était tout empesé, tout guindé, tout raide, ça venait du couvent, ça ne savait ni entrer, ni sortir, ça saluait tout d’une pièce ; de la fraîcheur seulement, la beauté du diable.

TRONCHIN.

Oh ! à présent, monsieur le duc, c’est toute autre chose.

LE DUC.

Oui, oui, le chevalier doit l’avoir formée. Le petit chevalier a du monde. Je suis fâché de ne pas la connaître.

TRONCHIN.

Ah ! cà ! il faut avouer, entre nous, que vous en aviez bien la permission.

LE DUC (prenant du tabac pour le verser d’une tabatière d’or dans une à portrait.)

Ça peut bien être ! Je ne dis pas le contraire, docteur, mais, ma