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ANDRÉ DEL SARTO.
MONTJOIE.

Entrons, messieurs. Je ne suis pas fâché de visiter les ateliers et de voir ses élèves.

JEAN.

Hélas ! monseigneur, l’académie est déserte aujourd’hui. Mon maître a reçu très peu d’écoliers cette année, et à compter de ce jour, personne ne vient plus ici.

MONTJOIE.

Vraiment ? on m’avait dit tout le contraire. Est-ce que ton maître n’est plus professeur à l’école ?

JEAN.

Le voilà lui-même, accompagné d’un de ses amis.

MONTJOIE.

Qui ? cet homme qui détourne la vue ? Le vieux ou le jeune ?

JEAN.

Le plus jeune des deux.

MONTJOIE.

Quel visage pâle et abattu ! Quelle tristesse profonde sur tous ses traits ! et ces vêtemens en désordre ! Est-ce là le peintre André del Sarto ?

André et Lionel entrent.
LIONEL.

Seigneur, je vous salue. Qui êtes-vous ?

MONTJOIE.

C’est à André del Sarto que nous avons affaire. Je suis le comte de Montjoie, envoyé du roi de France.

ANDRÉ.

Du roi de France ? J’ai volé votre maître, monsieur. L’argent qu’il m’a confié est dissipé, et je n’ai pas acheté un seul tableau pour lui. (À un valet.) Paolo est-il venu ?

MONTJOIE.

Parlez-vous sérieusement ?

LIONEL.

Ne le croyez pas, messieurs. Mon ami André est aujourd’hui, pour certaines raisons, une affaire malheureuse, hors d’état de vous répondre, et d’avoir l’honneur de vous recevoir.

MONTJOIE.

S’il en est ainsi, nous reviendrons un autre jour.

ANDRÉ.

Pourquoi ? Je vous dis que je l’ai volé. Cela est très sérieux. Tu ne sais