et Cuvier, n’est guère douteuse, et celle de l’Égypte sur la Judée l’est encore moins. Je ne répéterai donc point à propos de ce peuple ce que j’ai dit à propos des deux autres, et je renvoie pour les observations que j’aurais à faire sur lui à celles que j’ai faites sur eux.
Ce n’est pas que, dans le peu qu’on sait des antiques mœurs de l’Égypte, il ne soit possible de démêler quelque trait saillant qui tranche avec celles de tout autre pays. Telle est, par exemple, cette préoccupation de la mort qui dominait la vie entière des Égyptiens, qui était familière à toutes leurs pensées et présente à toutes leurs actions. Depuis la tête de mort qu’on apportait au milieu du festin pour exciter les convives à la joie, jusqu’à ces nécropoles plus vastes que les cités des vivans, ces temples dont les murs sont couverts de peintures qui représentent l’histoire de l’âme après la vie, ces pyramides, masses énormes élevées à grand’peine pour y cacher un tombeau : tout en Égypte parle de la mort. Ceci devait tenir aux mœurs et se retrouve dans les lois. L’Égypte est le seul pays où l’on ait fait un moyen politique d’un arrêt funèbre et soumis un cadavre à un jugement.
Mais je le répète, nous n’avons point le code de l’Égypte. Les Grecs, qui nous apprennent quelque chose de ses institutions et de ses coutumes, ne l’ont visitée qu’après l’ère des Pharaons, après cette ère de dix siècles, pendant lesquels la civilisation égyptienne se développa dans sa pureté ; alors cette civilisation commençait à s’altérer par la conquête. Peut-être est-il donné à notre temps d’en savoir davantage. Attendons ![1]
La Perse aussi présente de grandes obscurités. Je ne veux ni ne dois m’y enfoncer. D’importans travaux se préparent en ce moment sur les antiquités persanes. Jusqu’à ce qu’ils aient paru, on ne peut s’aventurer sur ce terrain mal connu sans courir le risque de s’égarer. Je dirai seulement qu’en comparant ce que les auteurs anciens nous apprennent des Perses avec ce que nous révèle l’imparfaite traduction des livres de Zoroastre que nous possédons, l’on peut déjà s’assurer que ces mœurs et ces institutions étaient dans une parfaite harmonie et reposaient sur la même idée : c’était l’idée qui servait de base à leur religion, l’idée de la guerre, mais de la guerre sacrée, livrée par le principe bon, intelligent, lumineux, au principe ténébreux et malfaisant. De cette idée sortait naturellement celle de la pureté, base de la loi de Zoroastre et des mœurs qu’il prescrivit. Les prescrivit-il en effet, ou les mœurs étaient-elles antérieures à lui et ont-elles passé de la coutume dans sa loi ? J’incline à le croire sans prétendre le prouver. Mais d’abord je remarque dans la race d’Iran la pré-
- ↑ Le voile est retombé. Champollion vient de mourir.