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LES LOIS ET LES MŒURS.

dégénérée, est mentionné, entre le sacrifice du taureau et celui du cheval, le sacrifice humain.[1]

Ainsi, il est dit que, dans le premier âge, un homme qui avait communiqué avec un grand pécheur était obligé d’abandonner son pays, dans le second sa ville, dans le troisième sa famille, mais que dans le quatrième il suffit qu’il abandonne le coupable.[2]


Ainsi est abrogée cette loi bizarre, en vertu de laquelle le frère de l’époux mort ou impuissant devait le remplacer. Cette prescription singulière est mentionnée par Manou, mais supprimée par lui en raison de la succession des quatre âges[3] ; c’est-à-dire que dès l’époque où le code de Manou a été rédigé, cette coutume commençait à tomber en désuétude par le fait de mœurs nouvelles, et c’est à l’influence de ces mœurs que le législateur, quel qu’il soit, rendait hommage, en modifiant la loi primitive.

Les mœurs ont donc quelque peu varié dans cette Inde, qu’on se figure complètement immobile, et leurs variations ont atteint la législation si pleine d’autorité qui avait en partie créé ces mœurs. Tel est le résultat que l’Inde nous a présenté.

LES JUIFS.

Passons à un autre peuple de l’Orient, le peuple juif ; on ne peut faire un plus grand pas, rien n’est si loin de l’Inde que la Judée. Il n’y a pas dans l’histoire de plus parfait contraste qu’entre les castes de Brahma et les tribus de Jéhovah.

D’une part, un peuple doux, contemplatif, porté à l’abstraction et à la rêverie, des esprits d’une subtilité raffinée, des imaginations d’une richesse surabondante, des corps faibles, des âmes sans courage ; de l’autre, un peuple sombre, énergique, ne possédant qu’un petit nombre d’idées hautes, se nourrissant de quelques sentimens âpres et profonds, des âmes ardentes, un tempérament actif et guerrier ; ici des castes enracinées au sol, émanant comme tout le reste d’un principe immuable ; là un peuple voyageur, portant au milieu de lui une loi qui se révèle librement par l’inspiration au génie des prophètes, et suscite pour son accomplissement

  1. Loi de Manou, trad. de W. Jones, éd. d’Haugthon, in-4o, p. 430. General note.
  2. Idem.
  3. Idem.