Tu demandes qui ? C’est Cordiani. (Elle se jette sur le banc.) Est-ce toi ? est-ce toi ? qui t’a amené ici ? qui t’a abandonné sur cette pierre ? où est André, Lionel ? Ah ! il se meurt ! comment, Paolo, tu ne l’as pas fait porter chez ma mère ?
Ma maîtresse n’est pas à Florence, madame.
Où est-elle donc ? n’y a-t-il pas un médecin à Florence ? Allons, monsieur, aidez-moi, et portons-le dans la maison.
Songez à cela, madame.
Songer à quoi ? es-tu folle ? et que m’importe ? Ne vois-tu pas qu’il est mourant ? ce ne serait pas lui que je le ferais.
Par ici, monsieur ! Dieu veuille qu’il soit temps encore !
Venez, monsieur, aidez-nous ; ouvre-nous les portes, Paolo ; ce n’est pas mortel, n’est-ce pas ?
Ne vaudrait-il pas mieux tâcher de le transporter jusque chez Manfredi ?
Qui est-ce, Manfredi ? me voilà, moi, qui suis sa maîtresse. Voilà ma maison. C’est pour moi qu’il meurt, n’est-il pas vrai ? Eh ! bien donc, qu’avez-vous à dire ? Oui, cela est certain, je suis la femme d’André del Sarto. Et que m’importe ce qu’on en dira ? ne suis-je pas chassée par mon mari ? ne serai-je pas la fable de la ville dans deux heures d’ici ? Manfredi ? Et que dira-t-on ? on dira que Lucretia del Fede a trouvé Cordiani mourant à sa porte, et qu’elle l’a fait porter chez elle. Entrez ! entrez !
Mon devoir est rempli ; maintenant, à André ! Il doit être bien triste, le pauvre homme !
Qui êtes-vous ? où allez-vous ? (André ne répond pas.) C’est vous, André ? Que venez-vous faire ici ?