Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/380

Cette page a été validée par deux contributeurs.
374
REVUE DES DEUX MONDES.

En général, M. de Coux fait découler des dogmes romains des conséquences que nous n’admettons pas. Nous aimons à reconnaître l’élévation de ses motifs ; sa discussion est grave, spirituelle, pleine d’observations judicieuses ; elle offre aux esprits bienveillans ce mouvement des doctes entretiens, qui fait penser au-delà de ce qu’on dit, et provoque des contradictions sans amertume. C’est de cette manière que nous voudrions réfuter M. de Coux, alors même que ses jugemens nous paraissent quelquefois empreints d’une sorte d’austérité, mêlée de crainte et de tristesse. Ainsi, l’auteur résume de cette sorte les principes de son ouvrage : « Point de richesses matérielles sans société, point de société sans vertu, point de vertu sans foi, et aujourd’hui point de foi sans catholicisme. »

Nous en appelons de cette sentence aux lois essentielles du genre humain, dont le christianisme n’est encore que la minorité révolutionnaire, de même que les catholiques ne sont qu’une partie des chrétiens ; nous en appelons à la conscience de tous les hommes faits pour s’aimer et s’entr’aider, à la civilisation qui marche malgré tant de querelles sur des matières inconnues, aux souvenirs mêmes de l’écrivain qui s’exprime ainsi, car il n’a point défendu, dans l’Avenir, la liberté de la conscience et de la pensée pour les diverses croyances ou opinions, sans croire qu’une société était possible avec ceux qui ne partagent pas sa manière de voir. Pour notre compte, c’est surtout en applaudissant de toute notre âme aux résolutions de l’Avenir, que nous sentons combien sont faciles en dehors de l’intimité d’une communion, les garanties d’une société et l’attrait des relations les plus aimables.

M. de Coux distingue dans l’histoire de l’humanité deux élémens nécessaires à son existence, l’action civilisatrice des religions qui établissent une morale commune, et l’action politique qui se saisit des matériaux créés par les religions pour en faire la base de l’édifice social. Selon lui, « dans les différentes religions antérieures ou étrangères au catholicisme, ces deux élémens sont inséparables. De là l’insuffisance de leur mission étroitement nationale, leur esprit de conquête et de servitude. Le catholicisme au contraire, par la nature de ses préceptes, l’unité de son sacerdoce cosmopolite, la souplesse de sa discipline, est la seule tradition qui ne dépouille pas l’action politique de la liberté nécessaire aux perfectionnemens et à la paix des peuples.

« Au lieu de l’unité romaine, gardienne des droits de tous, d’une société organisée sur un plan assez vaste pour embrasser l’espèce humaine sans distinction de langage ni de race, le monde du paganisme présentait un confus mélange de petites sociétés ne connaissant d’autres rapports que ceux