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à se constituer en un même corps politique, ni même à former une confédération qui eût quelque force d’unité. Ce fut toujours le sort de ce beau pays d’être divisé intérieurement, avec cette différence qu’autrefois ses habitans étaient séparés par la liberté, et qu’ils le sont aujourd’hui par la servitude. La religion seule put opérer un commencement d’union, suffisante peut-être pour garantir l’existence de l’ordre social établi, mais trop faible pour résister aux envahissemens de la puissance plus concentrée de Rome. Laissons parler M. Micali.

« Dès le moment où des Alpes à la mer de Sicile, les tribus indigènes eurent formé de nombreuses sociétés civiles distinctes, le principe religieux, base de la cité, prévalut partout dans la jurisprudence publique des nations italiennes, quelle qu’en fût la force, la police et le nom. De sorte que, de fait, le principal ou même l’unique lien de leur concorde nécessaire, mais faible, se trouvait dans le culte religieux, inséparable appui du droit des gens. Les féries solennelles instituées dès l’origine chez chaque peuple confédéré, et auxquelles, par le devoir de leur office, assistaient les magistrats des villes ou territoires alliés, avaient certainement pour but, sous le voile de la religion, d’affermir l’amitié et l’union des confédérés, en les invitant à se regarder mutuellement comme frères, et à sacrifier ensemble aux dieux de la patrie, ainsi qu’en usaient les Sabins et les Latins aux fêtes de la déesse Feronia, les anciens Latins entre eux, les Étrusques et les Ombriens, comme aussi les Lucaniens. Ce lien sacré et fraternel tendait encore manifestement à fortifier le pacte de la loi par la stabilité de l’engagement religieux. Selon le même principe de gouvernement, tous les autres peuples qui formaient des états fédératifs, convoquaient solennellement et avec des rits religieux leurs assemblées publiques, soit dans les cas urgens, soit aux époques fixées. C’est ainsi que les Étrusques avaient coutume de s’assembler dans le temple de Voltumna, les Latins dans le bois sacré d’Aricia, ou dans celui de Ferentino, et les Sabins à Cure, comme aussi l’histoire fait de fréquentes mentions d’assemblées semblables chez les Ecques, les Herniques, les Volsques, les Samnites, les Lucaniens et les Liguriens. L’objet principal de ces réunions nationales, légalement