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ANDRÉ DEL SARTO.
CORDIANI.

Silence ! viens avec moi, te dis-je. Tu es mort si tu n’obéis.

(Il l’entraîne du côté de la maison.)
MATHURIN.

Où allez-vous, monsieur ?

CORDIANI.

Ne t’effraie pas ; je suis en délire. Cela n’est rien ; écoute ; je veux une chose bien simple. N’est-ce pas à présent l’heure du souper ? Maintenant ton maître est assis à sa table, entouré de ses amis, et en face de lui… En un mot, mon ami, je ne veux pas entrer ; je veux seulement poser mon front sur la fenêtre, les voir un moment. Une seule minute, et nous partons. (Ils sortent.)



Scène II.


Une chambre. — Une table dreesée.


ANDRÉ DEL SARTO, LUCRÈCE assise.
ANDRÉ.

Nos amis viennent bien tard. Vous êtes pâle, Lucrèce. Cette scène vous a effrayée.

LUCRÈCE.

Lionel et Damien sont cependant ici. Je ne sais qui peut les retenir.

ANDRÉ.

Vous ne portez plus de bagues ? Les vôtres vous déplaisent ? Ah ! je me trompe, en voici une que je ne connaissais pas encore.

LUCRÈCE.

Cette scène, en vérité, m’a effrayée. Je ne puis vous cacher que je suis souffrante.

ANDRÉ.

Montrez-moi cette bague, Lucrèce ; est-ce un cadeau ? est-il permis de l’admirer ?

LUCRÈCE, donne la bague.

C’est un cadeau de Marguerite, mon amie d’enfance.

ANDRÉ.

C’est singulier, ce n’est pas son chiffre ; pourquoi donc ? c’est un bijou