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très long, et il influa peu sur les peuples au milieu desquels ils vécurent momentanément, à cause de la civilisation supérieure de ceux-ci. Repoussés de proche en proche jusqu’aux dernières limites méridionales de l’Italie, ils la quittèrent enfin, sans y laisser aucune trace durable de leur passage ; car, suivant l’opinion au moins très probable de M. Micali, les monumens qu’on appelle cyclopéens leur ont été faussement attribués. Ce genre de construction, indiqué par la nature même dans les pays montagneux où la pierre abonde, fut de tout temps pratiqué par les indigènes, et M. Micali prouve fort bien que l’usage s’en continua jusque sous les premiers empereurs. Toutefois, avant de porter un jugement définitif sur l’influence pélagique en Italie, il faudrait, ce nous semble, mieux connaître ce peuple mystérieux, qu’on dirait poursuivi, dans ses continuelles migrations, par une fatalité inexorable, et qu’on voit tel qu’une ombre vague et silencieuse, se glisser à travers les origines de toutes les nations les plus célèbres de l’occident.

Les Osques, ou Opiques, ou Aurunces, formaient le tronc principal de la race primitive italienne, comme les Ra-Sènes, appelés par les Grecs Tirséniens ou Tirréniens, par les Romains Tusques ou Étrusques, en formaient la branche la plus illustre et la plus civilisée. Nous avouerons que, sur ce point, il nous reste quelques doutes : cette identité d’origine ne nous paraît pas suffisamment constatée ; elle manque de preuves directes, et lorsqu’on vient à considérer combien par leurs institutions religieuses et politiques, par leurs sciences, leurs arts, leurs mœurs, et, autant qu’on en peut juger, par leur langue même, les Étrusques différaient des peuples circonvoisins, on se persuade difficilement qu’ils aient pu sortir d’une souche commune, quoique l’on reconnaisse clairement une certaine influence réciproque, qui dut être l’effet de leur rapprochement sur le même sol, et des communications fréquentes qui en étaient une suite nécessaire. Nous ne pensons pas que, pour rendre raison de ces différences radicales, il suffise d’établir que les Étrusques, peuple commerçant et navigateur, eurent de nombreuses relations avec l’Afrique et l’Asie, ni même de conjecturer qu’à l’époque de l’invasion des pasteurs en Égypte, quelques familles sacerdotales se réfugièrent chez les Ra-Sènes, et les initiant au culte égyptien, à la philosophie, aux sciences, aux arts de cette