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REVUE DES DEUX MONDES.
DAMIEN.

Un bon voyage ! (Il l’embrasse et sort.)

MATHURIN.

Monsieur, tout est prêt.

CORDIANI.

Merci, mon brave. Tiens, voilà pour tes bons services durant mon séjour dans cette maison.

MATHURIN.

Oh ! excellence !

CORDIANI, toujours assis.

Tout est prêt, n’est-ce pas ?

MATHURIN.

Oui, monsieur. Vous accompagnerai-je ?

CORDIANI.

Certainement. — Mathurin !

MATHURIN.

Excellence !

CORDIANI.

Je ne puis pas partir, Mathurin.

MATHURIN.

Vous ne partez pas ?

CORDIANI.

Non, c’est impossible, vois-tu ?

MATHURIN.

Avez-vous besoin d’autre chose ?

CORDIANI.

Non, je n’ai besoin de rien. (Un silence.)

CORDIANI, se levant.

Pâles statues, promenades chéries ! sombres allées, comment voulez-vous que je parte ? Ne sais-tu pas, toi, nuit profonde, que je ne puis partir ? Ô murs que j’ai franchis ! terre que j’ai ensanglantée ! (Il retombe sur le banc.)

MATHURIN.

Au nom du ciel, hélas ! il se meurt. Au secours ! au secours !

CORDIANI, se levant précipitamment.

N’appelle pas ! viens avec moi.

MATHURIN.

Ce n’est pas là notre chemin.