Souvent la dîme était même plus pesante que la taille. Vauban, voulant comparer l’un à l’autre ces deux impôts, fit relever leur valeur dans cinquante-trois communes des environs de Rouen, et trouva que les habitans payaient pour la taille 46,370 francs, et pour la dîme 73,080 francs, ou presque le double.
Le trône dit qu’il y avait en Normandie des cures qui retiraient de ce dernier impôt 12 à 15 mille livres de rentes. Il estime que plus de la moitié des dîmes appartenaient non aux curés, mais aux évêques, aux abbés, aux monastères et aux bénéfices simples (p. 334).
Le casuel est plus difficile à évaluer. En 1600, Sully le portait à 24 millions tournois, non compris les legs pieux, aumônes, dépenses de confrérie et autres articles analogues, qu’il estimait à 36 millions. Le marc d’argent ne valant alors que 21 francs, nous pouvons admettre qu’au commencement du règne de Louis xiii, le casuel montait à plus de 60 millions de notre monnaie et les dépenses pieuses à 90 ; ensemble 150 ; mais, en 1788, la population étant plus grande d’un tiers, si le zèle religieux n’avait pas diminué les dons volontaires aux églises et aux communautés, ces deux branches du revenu ecclésiastique devaient s’élever à 200 millions de francs.
D’autres bases de calcul donnent un résultat semblable.
D’après Necker, il y avait annuellement en France, avant 1789 :
963,000 | baptêmes. |
820,000 | enterremens. |
240,000 | mariages. |
2,023,000 | célébrations. |
On comptait alors :
64,000 | paroisses dans les villes et campagnes. |
1,000 | abbayes. |
12,000 | prieurés. |
15,000 | couvens. |
92,000 | églises, non compris les chapelles. |
2,023,000 | célébrations à 6 fr. chacune, faisant annuellement |
12,138,000 fr. |
92,000 | églises, à 5 messes par jour, chacune à 1 fr. |
167,900,000 |
Prédications, quêtes, dons pieux, 65 fêtes et dimanches à 5 fr. |
30,000,000 | |
Total |
210,000,000 fr. |