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REVUE DES DEUX MONDES.


II.


Le Coucher d’un petit Garçon.




Couchez-vous, petit Paul ! il pleut, c’est nuit, c’est l’heure.
Les loups sont au rempart, le chien vient d’aboyer ;
La cloche a dit : Dormez ! et l’Ange gardien pleure,
Quand les enfans si tard font du bruit au foyer.

— « Je ne veux pas toujours aller dormir ! et j’aime
À faire étinceler mon sabre au feu du soir ;
Et je tuerai les loups ! je les tuerai moi-même ! »
Et le petit méchant, tout nu ! vint se rasseoir.

Où sommes-nous, mon Dieu ! donnez-nous patience ;
Et surtout soyez Dieu ! soyez lent à punir :
L’âme qui vient d’éclore a si peu de science !
Attendez sa raison, mon Dieu ! dans l’avenir.

L’oiseau qui brise l’œuf est moins près de la terre ;
Il vous obéit mieux : au coucher du soleil,
Un par un descendus dans l’arbre solitaire,
Sous le rideau qui tremble ils plongent leur sommeil.