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REVUE DES DEUX MONDES.

Je crois que mes observations se lient à l’histoire des facultés des animaux ; qu’il est tels de leurs actes qu’on a attribués à l’instinct, qui rentrent dans la classe de ceux dont j’ai parlé. Ce serait surtout chez les animaux qui vivent en troupe qu’il me paraîtrait intéressant d’étudier, sous ce rapport, l’influence des chefs sur les individus subordonnés. Enfin, les faits que j’ai cités ne jettent-ils pas quelque jour sur la cause de la fascination qu’un animal fait éprouver à un autre ?

Je crois que mes observations sont encore de nature à devoir fixer l’attention des physiologistes qui, comme M. Flourens, ont examiné d’une manière toute particulière les mouvemens qui surviennent dans des animaux après l’ablation de parties déterminées de leur système nerveux ; il me semblerait important d’apprécier l’influence que l’ablation de telle de ces parties peut exercer sur la manifestation des phénomènes qui font le sujet de cette lettre.

Tels sont, mon cher ami, les objets que vous avez considérés comme étant susceptibles d’intéresser les personnes qui pensent avec nous que la marche à suivre en psychologie est celle qu’ont tracée les hommes auxquels les sciences naturelles doivent leurs progrès, et qui partagent notre conviction qu’il n’y a pas de métaphysique positive pour qui ignore les grandes vérités des sciences physiques et mathématiques. L’étude des facultés de l’homme est liée invariablement non-seulement à la connaissance des moyens qu’il a mis en usage pour arriver à fonder chacune des branches spéciales de ces mêmes sciences, mais elle l’est encore à la connaissance des facultés des animaux. Avant de chercher à composer un système général de philosophie, il faut avoir rassemblé un nombre aussi grand que possible de groupes de faits analogues, et en outre il faut que les faits de chaque groupe aient été préalablement approfondis par des études particulières.

Recevez, mon cher ami, etc.


E. Chevreul.