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sujets de la conversation ; que le général manifesta le désir d’en connaître les détails, et qu’après les lui avoir exposés, il ne dissimula pas combien l’influence de la vue sur le mouvement du pendule était contraire à toutes ses idées. Vous vous rappelez que, sur ma proposition d’en faire lui-même l’expérience, il fut frappé d’étonnement lorsque, après avoir mis la main gauche sur ses yeux pendant quelques minutes, et l’en avoir retirée ensuite, il vit le pendule qu’il tenait de la main droite absolument immobile, quoiqu’il oscillât avec rapidité au moment où ses yeux avaient cessé de le voir.

Les faits précédens et l’interprétation que j’en ai donnée m’ont conduit à les enchaîner à d’autres que nous pouvons observer tous les jours : par cet enchaînement, l’analyse de ceux-ci devient à la fois et plus simple et plus précise qu’elle ne l’a été, en même temps que l’on forme un ensemble de faits dont l’interprétation générale est susceptible d’une grande extension. Mais avant d’aller plus loin, rappelons bien que mes observations présentent deux circonstances principales :

1. Penser qu’un pendule tenu à la main peut se mouvoir, et qu’il se meuve sans qu’on ait la conscience que l’organe musculaire lui imprime aucune impulsion ; voilà un premier fait.

2. Voir ce pendule osciller, et que ses oscillations deviennent plus étendues par l’influence de la vue sur l’organe musculaire, et toujours sans qu’on en ait la conscience ; voilà un second fait.

La tendance au mouvement, déterminée en nous par la vue d’un corps en mouvement, se retrouve dans plusieurs cas, par exemple :

1o Lorsque l’attention étant entièrement fixée sur un oiseau qui vole, sur une pierre qui fend l’air, sur de l’eau qui coule, le corps du spectateur se dirige d’une manière plus ou moins prononcée vers la ligne du mouvement ;

2o Lorsqu’un joueur de boule ou de billard suivant de l’œil le mobile auquel il a imprimé le mouvement, porte son corps dans la direction qu’il désire voir suivre à ce mobile, comme s’il lui était possible encore de le diriger vers le but qu’il a voulu lui faire atteindre.