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qu’elles faisaient pour franchir la chute d’eau. Les petits, à qui elle distribuait le produit de sa pêche, se tenaient à l’écart et immobiles pour ne pas effrayer le poisson ; mais, quand ils furent rassasiés, avant de rentrer dans le bois, ils s’approchèrent de l’eau et essayèrent de faire comme leur mère.

Ciriaco à son tour raconta un combat, dont il avait été témoin, entre un tigre et un crocodile. Je consigne ici le fait pour sa singularité, sans pourtant m’en rendre garant. Je dois dire cependant que le conteur m’a paru en général un homme très véridique.

« J’étais, dit-il, caché sur une plage, attendant que quelque tortue paresseuse[1] sortît pour déposer ses œufs, lorsque j’aperçus un tigre qui s’avançait en rampant le long du rivage pour couper le chemin à un caïman qui était étendu sur le sable, à prendre le soleil. Il le saisit en effet du premier bond, mais le caïman se jeta à l’eau, et le tigre, ne lâchant point prise, tous les deux disparurent à la fois. Un temps assez long s’écoula, et je croyais déjà le tigre noyé, lorsque je le vis reparaître, mais seul. Il se roula sur le sable, puis se rejeta dans l’eau. Il y resta encore long-temps et ressortit de même cette seconde fois sans sa proie. Ce ne fut qu’à la troisième fois qu’il attira sur le rivage le caïman étranglé. »

Si tous les chats, grands ou petits, ont, à très peu près, les mêmes habitudes que notre chat domestique, cela tient à ce que tous aussi ont la même organisation ; la ressemblance dans la structure interne aussi bien que dans la forme générale du corps est telle que, si l’on met à part le lion, suffisamment distingué par la crinière dont son cou est orné, on ne trouve, pour diviser ce genre si nombreux en espèces, que les caractères peu importans de la taille et de la couleur. Pour ce qui est de la robe même, il y a, chez tous les félis sans exception, la circonstance de présenter sur le fond de la robe des taches plus foncées, arrondies ou allongées. Le lion et certaines espèces de lynx ne les présentent d’une manière bien visible que

  1. Les tortues ne pondent guère que la nuit ; mais quand quelque circonstance les a empêchées de le faire, elles sont tellement pressées du besoin de déposer leurs œufs, qu’elles sortent même par le plus grand soleil, et restent souvent suffoquées par la chaleur.