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REVUE DES DEUX MONDES.

Quand quelque chose encor me ravit et m’enivre,
Je l’apporte à Léon ; je lui porte ton livre ;
Si par hasard sans lui je me plais quelque part,
J’en suis fâché ; je crois que je vole sa part.
Depuis quatre ans, vois-tu, son influence arrête
La mort qui tout le jour vole autour de ma tête,
Et mieux que tous les soins du grave médecin,
L’empêche d’approcher et d’entrer dans mon sein.
Quand je suis loin de lui, je retombe en démence,
Hélas ! et ne suis plus qu’une pierre qui pense,
Et je ne dirais pas, vois-tu, ce que j’écris ;
Car, avec mes amis, ou je chante ou je ris ;
Silvio, tu te connais en amitié divine,
Est-ce bien elle, dis, qui vit dans ma poitrine ?
Âme des anciens jours, illustre Italien,
Tu m’as dit tes amis, moi je te dis le mien !



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