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REVUE DES DEUX MONDES.

IV.


À M. Ingres.




Maître au savant pinceau, toi dont la pureté
Dans l’odalisque nue as peint la chasteté,
Et qui, rendant les traits d’une tête que j’aime,
As semblé défier la nature elle-même,
Tant ce front vénérable et plein de majesté
Du grand crayon d’Urbin a la naïveté !
Combien de fois j’ai vu surgir en ma pensée
Ton Iliade armée et sa sœur l’Odyssée,
Belles filles de Grèce, à l’œil calme et serein,
Assises aux genoux de leur père divin !
Apelle, Alighieri, Virgile, cour sublime !
Demi-dieux du passé que ta palette anime,
Convives du nectar au splendide festin,
D’un air religieux se tenant par la main !
Tandis que, comme un roi qui règne sur sa ville,
Présidant de son trône à l’auguste concile,
L’aveugle, couronné d’un laurier radieux,
Est le centre éclatant où tendent tous les yeux ;
Et pourtant l’on m’a dit qu’au printemps de ta vie,
Sous le soleil romain, doutant de ton génie,