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LE BRAHME VOYAGEUR,
PAR M. FERDINAND DENIS.


« Sur les bords d’une petite rivière tributaire du Gange, vivait un brahme dont la vie s’écoulait si doucement qu’il avait coutume de la comparer lui-même au cours paisible que suivaient ses regards durant des heures entières. Que peut desirer un homme, disait Nara-Mouny, quand sa cabane est ombragée de palmiers, qu’il a une eau pure pour ses ablutions, qu’il peut méditer à loisir les sages leçons des Véda, et se réjouir le soir en lisant les fables antiques de Sarma ?

Il y a quelque chose de mieux à faire que de méditer solitaire sur le bord d’un fleuve, lui dit un jour un vieux brahme, son voisin, il y a une instruction plus solide que celle des livres ; c’est celle que donnent tous les hommes réunis. Plût à Dieu que mes jambes ne fussent pas brisées par l’âge, j’irais demander aux peuples cette sagesse de tous les hommes.

Nara-Mouny avait un livre européen que lui avait donné un officier anglais, il y lut cette phrase : Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qui vous fût fait.