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IMPRESSIONS DE VOYAGES.

M. de Humboldt en a découvert dans les Andes à quatorze mille pieds de hauteur.

D’ailleurs les traditions de la Bible sont d’accord avec les recherches de la science. Moïse parle d’un déluge, et Cuvier le constate ; le prophète et le savant se donnent le mot pour raconter aux hommes, à plus de trois mille ans d’intervalle, le même miracle géologique ; et l’Académie enregistre, comme une vérité incontestable, cette belle phrase de la Genèse que Voltaire prenait pour le rêve de la poésie.

« Spiritus dei ferebatur super aquas. »

Or, partons de ce point :

La terre entière fut couverte d’eau.

Cette eau supportait, comme les supporte aujourd’hui la terre, les seize lieues d’atmosphère qui nous enveloppent. Bientôt, soit qu’elle se volatilisât par l’effet du feu intérieur, cet atelier de Vulcain ; soit qu’elle s’évaporât par l’action du soleil, cet œil de Dieu, l’eau diluviale commença de diminuer.

Alors les parties les plus élevées de la terre pointèrent à sa surface. Le Chimboraço, l’Immaüs, et le Mont-Blanc, apparurent tour à tour comme de faibles îles au milieu de l’océan universel. Leur contact avec l’air, la lumière et la chaleur les doua de fertilité ; et comme la couche d’air qui les enveloppait devait être à peu près semblable à celle qui nous entoure, les plantes, les arbres, les animaux, les hommes, y apparurent. Les traditions antiques ne parlent que de hautes montagnes. C’est dans l’Éden que Dieu créa Adam et Ève ; c’est sur le Caucase que Prométhée forma le premier homme.

Cependant, par l’une ou l’autre des causes que nous avons dites, et peut-être même par leur combinaison, les eaux allaient toujours se retirant ; ce n’était plus seulement la cime des montagnes qu’elles laissaient à découvert, c’étaient leurs flancs. Au fur et à mesure que la couche d’air qui avait produit la fertilité s’abaissait, pesant à la surface de l’eau qui se retirait, le sommet des monts entrait dans une atmosphère plus subtile et plus froide qui