Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/635

Cette page a été validée par deux contributeurs.
629
IMPRESSIONS DE VOYAGE.


IV.

JACQUES BALMAT,


DIT MONT-BLANC.

Il y a deux choses consacrées que le voyageur qui passe à Chamouny ne peut se dispenser de voir : c’est la croix de Flegère et la mer de glace. Ces deux merveilles sont placées en face l’une de l’autre, à droite et à gauche de Chamouny ; on ne parvient à chacune de ces sommités qu’en gravissant la base de l’une ou de l’autre des deux chaînes de montagnes, au milieu desquelles est situé le village ; et arrivé au but de l’ascension, on domine la vallée à la hauteur de quatre mille cinq cents pieds à peu près.

La mer de glace qu’alimente le sommet neigeux du Mont-Blanc, descend entre l’Aiguille des Charmeaux et le Pic du Géant, et s’avance jusqu’au milieu de la vallée. Là, après avoir rempli, comme un serpent immense, l’intervalle qui sépare ces deux montagnes entre lesquelles elle rampe, elle ouvre sa gueule verdâtre, de laquelle sort en bouillonnant à grand bruit le torrent glacé de l’Arveyron. L’ascension qui conduit le voyageur sur sa croupe immense se fait donc, comme on le voit, au flanc même du Mont-Blanc dont on