Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 1.djvu/583

Cette page a été validée par deux contributeurs.


UNE ESTANCIA.

On appelle estancias[1], dans toute l’Amérique espagnole, les propriétés rurales uniquement destinées à l’éducation du bétail, sur une échelle inconnue en Europe, et qui n’a son analogue que parmi les hordes errantes de l’Asie centrale. Les provinces du Rio de la Plata sont, de toutes les anciennes possessions de l’Espagne, celles qui présentent les plus vastes établissemens de ce genre, et leurs habitans offrent le spectacle assez singulier d’une nation civilisée, dont la richesse presque tout entière ne consiste qu’en troupeaux. Cette espèce d’anomalie sociale s’explique d’elle-même par la rareté de la population, et surtout par ces plaines immenses

  1. Dans la Colombie, une estancia s’appelle plus communément hato ; ce mot est passé dans le langage des créoles de Cayenne ; ils nomment hates les savannes où l’on élève le bétail, et hatier le propriétaire qui se livre à ce genre d’industrie.