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continue ainsi d’en frapper dix ou douze, monté toujours sur le même cheval. Les bisons fuient avec une grande rapidité, et on voit peu de chevaux capables d’atteindre plus de la douzaine : ceux même qui vont jusque-là sont regardés comme d’excellens coursiers. Quand le bison est blessé, il se jette quelquefois sur le chasseur ; mais il n’attaque presque jamais à moins d’être provoqué. Les Indiens dédaignent toute autre espèce de viande, et quand ils ont tué un certain nombre de ces animaux, ils leur enlèvent la peau, en arrachent le poil avec les dents, les tannent et les envoient à Saint-Louis. Les blancs font cette chasse à coups de pistolets au lieu de flèches. — Si j’avais été bien informé, en partant de la Nouvelle-Orléans, j’aurais pu voir des bisons sans aller si loin, car en remontant l’Arkansas jusqu’au fort Gibson, on en trouve un grand nombre qui fournissent un agréable passe-temps aux officiers américains qui y tiennent garnison.

Quelques bateaux à vapeur, avant mon arrivée à Saint-Louis, avaient été jusqu’à Council Bluff, à près de six cents milles sur le Missouri, et cependant il s’en faut que ce fleuve soit ouvert à la navigation comme le Mississipi. Les bancs de sable, les snags, les arbres qu’il charrie, offrent de grands dangers. En outre, il n’y a pas de bois préparé sur ses bords, comme le long du Mississipi, dans une longueur de deux mille cent milles. Il faut s’arrêter, abattre les arbres, les scier et les couper, ce qui prend beaucoup de temps. — Mais, dans le mois de mai dernier, l’American fur Company a envoyé un steamboat à l’embouchure de la Rivière Jaune, qui est le siége de l’établissement le plus éloigné du Missouri. Ce point est à dix-neuf cents milles de Saint-Louis, et n’est qu’à six cents milles par eau, et beaucoup moins par terre, de la base des montagnes Rocheuses. « Si la compagnie réussit, disait le journal de Saint-Louis, à atteindre ce point éloigné, nous sommes certains qu’elle sera amplement dédommagée de ses dépenses, et des périls qu’elle aura à courir, et nous aurons la joie de voir ce qu’on ne croyait réservé qu’à la génération future. » Ce steamboat a effectivement achevé son voyage avec un grand bonheur, et a frappé d’étonnement et d’admiration les sauvages qui voyaient arriver pour la première fois chez eux un bateau à vapeur.

Autrefois, tout le pays, derrière Saint-Louis, n’était que prairies ;