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ROME ET NAPLES.

pu pénétrer dans la vie intérieure des Romains, et jusque dans leur ménage. C’est en trouvant des chefs-d’œuvre de sculpture dans les maisons de campagne des plus simples particuliers, et en voyant les mosaïques précieuses sur lesquelles marchaient les maîtres du monde, qu’on a pu se former une idée du luxe effréné qui prépara la chute de l’empire. Ces restes de l’ancienne Italie intéressent vivement les savans : la société bourbonienne a été chargée par le gouvernement de publier la description du Musée napolitain ; et ce grand ouvrage a reçu, dès le commencement de sa publication, les suffrages réunis des artistes et des érudits.

Le sol des environs de Naples n’intéresse pas moins les naturalistes que les archéologues. Le géologue y trouve resserré dans un petit espace l’ensemble des révolutions qui ont bouleversé notre globe, et, chose remarquable, il peut observer ces phénomènes se succédant dans des temps très rapprochés. Le seizième siècle vit surgir le Monte-Nuovo dans l’Italie méridionale ; et les travaux des animaux marins qu’on observe dans les colonnes de Pœstum prouvent que ce promontoire, depuis les temps historiques, s’est abaissé et s’est élevé successivement. L’étude de ces terreins a surtout une grande importance pour la théorie du soulèvement des montagnes, qui est maintenant adoptée par les géologues les plus illustres. Au reste, ces volcans produisent des effets qui intéressent à la fois toutes les sciences naturelles ; en créant quelques foyers accidentels de température, ils ont dérangé le cours des lignes isothermes, et M. Tenore (auquel la botanique doit de si beaux travaux) a signalé ce fait très curieux dans la géographie des plantes, qu’il existe dans le royaume de Naples, autour de ces foyers de chaleur, quelques espèces qui ne vivent ordinairement que sous les tropiques.

La philosophie transcendante est cultivée avec succès dans le midi de l’Italie, où l’esprit de l’école cosentine s’est toujours conservé. La Généalogie de la pensée, par M. Borelli, et l’Application de la philosophie à la morale, par le chevalier Bozzelli, sont deux ouvrages importans en ce genre. M. Galuppi, Sicilien, a publié de savantes recherches sur la philosophie allemande, et paraît s’être placé à la tête de la nouvelle école métaphysique. Mais la jeunesse italienne n’est pas très disposée à s’éloigner de la philoso-