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relli et Oliva. Le premier mourut en mendiant à Rome, et le second échappa par le suicide aux tortures répétées de l’inquisition. Dans le siècle dernier, Giannone, Vico, Filangeri, Pagano, montrèrent que ni la prison, ni les bourreaux, n’étaient des obstacles au développement du génie sous le ciel napolitain.

Maintenant, de toutes les provinces italiennes, le royaume de Naples est peut-être celle qui se trouve dans les circonstances le moins favorables aux progrès de l’instruction. Non-seulement le gouvernement napolitain a adopté des mesures hostiles contre la science et la pensée, mais ces mesures sont plus difficiles à éluder que dans les autres états italiens. À Milan et à Turin, les livres et les journaux étrangers, quoique défendus, arrivent facilement par la Suisse. Mais à Naples, outre la censure, une taxe énorme, et beaucoup plus forte que la valeur intrinsèque de chaque volume, frappe les ouvrages même dont l’importation est permise, sans qu’on puisse espérer de les tirer clandestinement des états du pape. Les Napolitains, isolés de l’Europe entière et presque séparés du reste de l’Italie, sans communications intellectuelles, sans recevoir aucun encouragement de la part du gouvernement, ont à surmonter mille obstacles et mille dangers pour se livrer à la culture des sciences et des lettres. Il y a peu d’années qu’un professeur fut emprisonné à Naples comme sorcier, pour avoir excité des commotions galvaniques dans un cadavre, par l’action de la pile de Volta. Ces persécutions et cet isolement ne s’opposent pas seulement au développement des connaissances humaines dans le royaume de Naples, c’est encore comme un voile officiel que jette le gouvernement sur les travaux des savans napolitains : aussi ne pourrons-nous donner qu’une idée incomplète de l’état scientifique et littéraire du midi de l’Italie.

La difficulté des communications entre le royaume de Naples et les autres parties de l’Italie a dû amener les Napolitains à s’occuper spécialement d’un pays qui renferme tant de richesses. La lave du Vésuve, qui a répandu si souvent la désolation dans les environs de la capitale, et qui a englouti des villes entières en les pétrifiant, nous a conservé dans ces mêmes villes une foule d’objets intéressans, qui, sans une catastrophe instantanée, ne seraient jamais arrivés jusqu’à nous. C’est de cette manière qu’on a