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On peut encore appeler subjectif, l’ensemble des représentations des choses. On peut de même appeler objectif l’ensemble des choses représentées.

On pourrait donc dire aussi de la connaissance en général, qu’elle est l’expression de l’ensemble des points de contact qui se trouvent entre le moi et le monde, l’intelligence et la nature, le subjectif et l’objectif.

Par cela même que la connaissance établit un lien entre les deux termes du rapport, elle les fond, les absorbe, pour ainsi dire, en une sorte d’identité.

Mais pour analyser la connaissance, il est évident qu’il faut la décomposer en ses élémens intégrans.

Il faut rompre le lien des deux termes du rapport, il faut briser l’identité où ils se confondent.

Cela fait, il s’agit d’examiner d’abord en lui-même l’un ou l’autre de ces deux termes.

Il s’agit ensuite d’examiner aussi, de déterminer rigoureusement comment ce terme se rattache à l’autre terme ; quelles sont les conditions sous l’empire desquelles il va se confondre avec cet autre terme.

Cette analyse est susceptible d’être tentée de deux manières différentes.

On peut examiner séparément, ou bien cette portion de la connaissance qui est fournie par le moi que nous avons appelé le subjectif ;

Ou bien on peut faire l’inverse, c’est-à-dire examiner d’abord l’autre terme du rapport, la portion de la connaissance fournie par le monde extérieur, l’objectif.

Mais en même temps, il ne suffit pas d’examiner séparément l’un ou l’autre de ces termes du rapport, il faut examiner aussi comment ce terme se rattache à l’autre.

Quand on part du moi, il faut donc aller du moi à la nature ; quand on part de la nature, il faut aller de la nature au moi.

Or, en raison de ce lien qui se trouve être établi entre les deux termes du rapport, en raison de leur identité primitive, il faudra faire retrouver, pour ainsi dire, celui d’où l’on part dans celui où l’on arrive.