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SOUVENIRS SUR JOSEPH NAPOLÉON.

teur de la garde nationale de Paris, et qui, en 1815, est mort glorieusement à la deuxième bataille de Fleurus.

Le comte de Laforest, ambassadeur de France.

Le baron de Stourm, envoyé du Danemark.

Les barons de Mornheim et de Strogonoff, ministres de Russie.

Don Domingo Badia-y-Leblich, préfet de Cordoue, voyageur célèbre sous le nom de prince Ali-Bey.[1]

Beaucoup d’autres encore qui se hâtaient d’arriver, car l’heure avançait.

Bientôt la voix retentissante de l’huissier fit entendre ces mots el Rey. Nous nous empressâmes de regagner notre place auprès du colonel Rancaño. Les chuchottemens cessèrent ; un silence profond s’établit dans la foule.

La porte s’ouvrit. Le roi, qui venait de traverser la salle du trône, entra dans notre salon.

Il portait l’uniforme et les épaulettes de colonel des chevau-légers de sa garde ; frac vert, à collet, paremens et passe-poils jaunes. Deux plaques seulement décoraient sa poitrine, celles de la légion d’honneur et de l’ordre royal d’Espagne. Son petit chapeau, pareil à celui de l’empereur, n’avait pour ornement qu’une gance noire attachant sa cocarde rouge.

Aussitôt que la porte s’était ouverte, le roi avait soulevé son chapeau pour nous saluer tous.

Je fus alors frappé de son extrême ressemblance avec Napoléon. C’était le même visage d’un caractère antique, d’une beauté régulière, le même front vaste et découvert, seulement un teint plus clair, des traits moins sévères, des regards plus doux. Joseph était

  1. J’ai, par la suite, très particulièrement connu M. Badia, qui avait une famille charmante. J’ai recueilli de sa bouche des détails curieux sur les motifs qui l’engagèrent à visiter l’Orient sous un nom supposé. Je dois aussi à l’amitié de M. Duran, ancien conseiller d’état espagnol, et ami lui-même de M. Badia, des notions exactes sur la cause et le but de ses premiers voyages dans l’empire de Maroc. Elles trouveront place dans ces Mémoires.

    M. Badia avait un tour d’esprit original, de la malice et de la gaîté.

    M. de Châteaubriand rapporte dans l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, qu’il rencontra à Alexandrie un prince africain de la famille de Mahomet, nommé Ali-Bey-