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innombrable d’ennemis déclarés de notre glorieuse révolution. Il est vrai qu’un ministre a motivé ce maintien par la maxime de César, que ceux qui n’étaient pas contre nous étaient pour nous. Messieurs, c’est en agissant d’après cette maxime que César donna à Marcellus le Pont, à Gasca la Syrie, et l’on sait ce que, tout en acceptant la Syrie et le Pont, Marcellus et Gasca ont fait de César.

« En un mot, les nouveaux journaux, et ceux dont ils étaient les interprètes fidèles, se sont trouvés dans la situation d’une armée qui, soutenant un siège, aurait fait une sortie courageuse et victorieuse contre les assiégeans, se serait vue après la victoire exclue de la ville qu’elle aurait sauvée, et aurait entendu ceux qui seraient restés dans la citadelle leur dire du haut des remparts : Nous n’avons plus besoin de vous, vous troubleriez l’ordre, restez où vous êtes.

« On a fait un autre crime aux nouveaux journaux d’avoir pris la défense des clubs. J’ai dit mon opinion sur les clubs. Je les crois inutiles quand la presse est libre, je les crois fâcheux par l’effroi très peu fondé qu’ils inspirent ; mais les nouveaux journaux ont pu être trompés par certains faits que je prendrai la liberté de vous rappeler sommairement. Ils se sont souvenus, et je ne nie point que leur mémoire n’ait été inopportune, ils se sont souvenus, dis-je, que lorsque nous créâmes, il y a, je crois, dix ans, la société des amis de la presse, un des derniers ministres fut, lui septième, l’un des fondateurs de cette société, qu’il savait, déclarait et félicitait d’être illégale. Ils ont pu se souvenir qu’un autre des derniers ministres avait, lors des élections, été président de la société Aide-toi, le ciel t’aidera. Que serait-ce, s’ils avaient pensé qu’un des ministres actuels avait été l’un des membres les plus assidus et les plus distingués de ces sociétés secrètes, qui n’ont cessé d’agir durant la restauration, à ce qu’on assure ? Quant à moi, je l’ignore, car je n’ai jamais été d’aucune société secrète.

« Ainsi, même dans leurs fautes, s’ils en ont commis, les nouveaux journaux sont excusables. La preuve qu’ils ne veulent pas le renversement de l’ordre actuel, c’est que depuis le nouveau ministère ils proclament leur confiance et leur espoir dans les nouveaux ministres. Dieu veuille qu’ils aient raison !

« Je viens donc demander un délai, pour qu’ils puissent faire